Séries | INFINITI S01 – 15/20 | GRACE AND FRANCKIE S07 – 13,5/20 | RUSSIAN DOLL S02 – 13/20

INFINITI S01 (Canal+) – 15/20

Plutôt austère de prime abord, Infiniti décolle vraiment à partir de l’épisode 3 et la rencontre entre Anna et Isaak. La série se transforme alors en un thriller conspirationniste prenant et éclaire peu à peu le flou qui régnait sur les 1ers épisodes. Les décors désertiques des plaines du Kazakhstan sont grandioses et donne à la série une atmosphère singulière. Dans ce Babel aérospatial, Céline Salette est remarquable.
Une nouvelle réussite pour les créations originales Canal+.

GRACE AND FRANCKIE S07 (Netflix) – 13,5/20

Même si leur sortie se sera faite sans fulgurance ni moment iconique, elle ne nous aura surtout pas déçu. C’est comme dire au revoir à de vieilles copines qu’on va beaucoup regretter. Leurs histoires et celles de leurs familles sont toujours aussi plaisantes à suivre, émouvante parfois. Nos deux octogénaires préférées du petit écran, c’est certain.

RUSSIAN DOLL S02 (Netflix ) – 13/20

Comment donner une suite à une série au concept si fort que Russian Doll? En partant sur un autre concept. La boucle temporelle de la saison 1 est remplacée par un voyage dans le temps et dans l’espace. C’est moins efficace, moins précis dans la narration aussi, mais gagne nettement en émotion quand Nadia traverse les époques pour découvrir le passé qui hante sa famille.
Et Natacha Lyonne déborde toujours autant de charisme.

Cinéma | LA NUIT DU 12 – 16,5/20

De Dominik Moll
Avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg

Chronique : Film enquête magistral, portant autant sur la résolution d’un effroyable féminicide que sur le quotidien de la PJ de Grenoble, La Nuit du 12 est passionnant de bout en bout.
Aussi précis que concis dans son exécution, naviguant entre polar et drame intimiste à la portée quasi-documentaire, le dernier film de Dominik Moll parvient à créer une atmosphère à la fois mortifère et étrangement familière.
On est happé par l’enquête et on entre immédiatement en empathie avec l’équipe qui la mène, partageant leurs espoirs, leurs frustrations et leur rage. Leur humanité en somme. Une immersion au sein de la crim d’une justesse impressionnante, que la mise en scène discrète mais pointue et une écriture au cordeau, appuyées par une excellente musique originale, rendent viscérale.
En fond, un propos féministe puissant et pertinent sans qu’il ne soit jamais asséné, qui cible une misogynie ordinaire et dissèque les rapports homme-femme. Comme une petite musique lancinante, ce rappel de la violence que peuvent subir les femmes, aussi bien physiquement que psychologiquement, se fond naturellement dans l’intrigue. Il est porté par un groupe de comédiens remarquables au sein duquel émerge Bastien Bouillon, jusqu’à présent plutôt habitué aux seconds rôles, mais qui endosse ici magistralement la noirceur de La Nuit du 12.
Yohan, son personnage, dit à un moment que chaque enquêteur tombe un jour sur un crime qui le hante. Ce film hantera longtemps ses spectateurs.

Synopsis : À la PJ chaque enquêteur tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan c’est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas, et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une seule chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12.

Cinéma | IRRÉDUCTIBLE – 14/20

De Jérôme Commandeur
Avec Jérôme Commandeur, Laetitia Dosch, Pascale Arbillot

Chronique : Si vous aimez Jérôme Commandeur alors vous aimerez beaucoup Irréductible (je suis moi-même très client). Son scénario possède l’humour précis et moqueur de ses one-man-shows, sa repartie au sarcasme grinçant et un second degré qui touche parfois génialement à l’absurde. Il y taquine gentiment la fonction publique, appuyant parfois les clichés qui lui colle à la peau, mais toujours avec une certaine tendresse.
Irréductible est bien plus qu’un décalque des spectacles de l’humoriste sur grand écran. Il n’a pas la paresse formelle de beaucoup de comédies françaises. Les moyens dont il se dote se voient à l’écran et pas uniquement sur le compte bancaire de ses têtes d’affiche. Le périple de Vincent Peltier au gré de ses multiples mutations est aussi amusant que dépaysant, les décors sont très réussis (le pôle nord, la Suède, l’Amazonie), les affectations souvent drôles. Irréductible combine efficacement ambition formelle et narrative.
Sans temps mort et plutôt juste lorsqu’il aborde le genre de la romcom, Irréductible est une vraie bonne comédie, rythmée et incarnée, et dotée de très solides seconds rôles (Arbillot, Darmon, Clavier, Lemercier…). Un très bon moment.

Synopsis : Vincent Peltier, paisible employé aux « Eaux et forêts » à Limoges, est incité à démissionner à cause d’une révision des effectifs, ce qu’il souhaite le moins du monde. Une inspectrice trop zélée décide de le muter dans les pires endroits au monde pour le pousser à renoncer. Elle l’envoie donc au Groënland pour protéger les chercheurs d’une base scientifique des attaques d’ours. On vous laisse imaginer la suite…

Séries | THE BOYS S03 – 16/20 | STRANGER THINGS S04 – 15/20 | LOVE, VICTOR S03 – 14/20

THE BOYS S03 (Prime Vidéo) – 16/20

Toujours plus haut, plus fort, plus trash.
A grands seaux d’hémoglobine et autres fluides corporels, cette saison 3 approfondit les alliances et rivalités entre nos tarés de super-héros et resuscite une vieille gloire peu glorieuse. Elle permet surtout de présenter un miroir grossissant à cette Amérique d’aujourd’hui plus divisée et cynique que jamais. Les allusions à Trump ou QAnon sont légion.
The Boys n’a plus vraiment de limite, et si on décèle parfois un petit coup de mou dans la narration, il est rapidement couvert par les excès de cette fable gore et tranchante. Les enjeux restent d’ailleurs élevès et le final annonce une saison 4 tout aussi passionnante.

STRANGER THINGS S04 (Netflix) – 15/20

Stranger Things est bel et bien le joyau de la Netflix. La plateforme lui consacre des moyens qu’elle n’accorde à aucune autre série, que ce soit au niveau du budget, de la production-value ou de l’écriture. Et cela se voit à l’écran.
Passons sur les 1ers épisodes poussifs présentant une Eleven anonyme, souffre-douleur de ses nouveaux camarades de classe. C’est absurde et presque moins crédibles que l’Upside down, c’est pour dire… Mais une fois l’intrigue (ou plutôt les intrigues) vraiment lancées, la recette qui mélange conte horrifique et teen movie nostalgique est redoutable. Cette 4ème saison suit 3 récits cohérents et équilibrés qui sont évidemment amenés à se croiser. Et ça fonctionne.
Les ados de Hawkins nous portent jusqu’à un final intense qui donne aux évènements qui secoue la ville depuis 3 saisons une mythologie solide.
A l’image du final de GOT, celui de Stranger Things sera attendu comme un évènement majeur de la culture pop. On sera là.

LOVE, VICTOR S03 (Disney+) – 14/20

Une troisième saison sans surprise mais toujours aussi choupi. Les personnages conservent leur capitale sympathie et la série donnent à chacun une jolie fin. Si Love, Victor n’a jamais atteint le niveau du film Love, Simon, elle n’en demeure pas moins essentielle en termes de représentativité de la communauté LGBTQ+ auprès d’un jeune public.

Cinéma | DECISION TO LEAVE – 14,5/20

De Park Chan-Wook
Avec Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-pyo

Chronique : Technicien hors pair et réalisateur virtuose, Park Chan-Wook nous offre une nouvelle fois une mise en scène d’une richesse folle (mais pas ostentatoire) et d’une inventivité jamais mise en défaut. Decision to Leave navigue entre le thriller et le mélo romantique, deux genres qu’il rend ici indissociables. Ils les imbriquent dans un scénario qui porte en lui la violence de Old Boy et l’érotisme de Mademoiselle, sans pour autant aller dans aucune de ces directions. S’en tenant à une certaine retenue qui pourra provoquer de la frustration chez son spectateur, il n’en joue pas moins avec lui, déroulant sous nos yeux la relation ambigüe entre un policier et la femme de la victime d’une de ses enquêtes. Un schéma classique mais qu’il s’évertue à tordre, à coup de faux semblants et de fausses pistes, quitte à nous perdre par moments. Sa caméra fixe sur l’écran les fantasmes de ses personnages autant que les événements passés qui les hante, qu’il superpose à l’intrigue actuelle. Il y parvient grâce à sa mise en scène sophistiquée, parée d’effets loin d’être anodins et de plans minutieusement élaborés, qui suggèrent ou appuient.
Il y balade ses deux personnages, mus par une étrange attraction. Elle, mystérieuse et fascinante, l’incarnation de l’ambiguïté. Lui, ballotté et indécis, perdu.
Si Decision to Leave s’avère trop long d’un bon quart d’heure, c’est aussi qu’il demande une attention de tous les instants pour en profiter pleinement. Il est exigeant et sans doute moins immédiatement aimable que ses deux précédents chef-d ’œuvres (Old Boy et Mademoiselle) mais délivre comme il faut en matière de cinéma.

Synopsis : Hae-Joon, détective chevronné, enquête sur la mort suspecte d’un homme survenue au sommet d’une montagne. Bientôt, il commence à soupçonner Sore, la femme du défunt, tout en étant déstabilisé par son attirance pour elle.

Cinéma | ELVIS – 15/20

De Baz Luhrmann
Avec Austin Butler, Tom Hanks, Olivia DeJonge

Chronique : La flamboyance du cinéma de Baz Luhrmann sied à merveille à la légende du King. Il en fait beaucoup, mais il le fait bien !
Sa mise en scène à la fois baroque et virtuose incorpore habilement la musique au récit. Ou bien est-ce l’inverse ? Quoiqu’il en soit, les deux s’imbriquent merveilleusement bien. Une scène l’illustre d’ailleurs parfaitement, lorsqu’Elvis électrise la scène de Vegas alors que son avenir se joue en coulisse sur un bout de serviette. Une scène d’une fluidité et d’une intensité folle, à l’image du reste du film.
La réalisation nerveuse et inventive de Luhrmann ne faiblit jamais. Ça va vite, très vite, ça fourmille d’idées, utilise l’animation ou le split screens, mélange musiques d’époque et contemporaines. Le scénario ne se contente pas d’une biographie linéaire, il digresse, se balade parmi les époques il fantasme un peu aussi. Mais surtout il raconte avec éclat d’où vient Elvis, ce qui l’a construit, ce (celui ?) qui l’a détruit. En explorant la relation ambiguë entre le chanteur et son mystérieux manager, Elvis raconte aussi l’histoire d’un homme sous influence, de ce qu’on donne de son âme, consciemment ou non, pour réussir.
Même si c’est évoqué plus brièvement que la relation de l’idole avec le Colonel, Elvis accorde aussi une place majeure aux femmes de sa vie, sa mère et Priscilla, lui conférant une dimension plus humaine.
Mais surtout, Elvis transmet l’énergie folle, la frénésie du King sur scène. Il le doit beaucoup à Austin Butler, une trouvaille, qui habite littéralement Elvis. Quant à Tom Hanks, qui interprète derrière ses prothèse un beau salopard, fait peu habituel, sans surprise, il est parfait.
Elvis est la confirmation que quand il a quelque chose de fort à raconter, et surtout quand il peut le raconter en musique, Baz Lurhmann, dans son style unique, pompier et extravagant, fait des merveilles.

Synopsis : La vie et l’œuvre musicale d’Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explorera leurs relations sur une vingtaine d’années, de l’ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l’Amérique de la fin de l’innocence.