COCO AVANT CHANEL – 6,5/10

Synopsis : Une petite fille du centre de la France, placée dans un orphelinat avec sa soeur, et qui attend en vain tous les dimanches que son père vienne les chercher.
Une chanteuse de beuglant à la voix trop faible, qui affronte un public de soldats éméchés.
Une petite couturière destinée à refaire des ourlets dans l’arrière-boutique d’un tailleur de province.
Une apprentie-courtisane au corps trop maigre, qui trouve refuge chez son protecteur Etienne Balsan, parmi les cocottes et les fêtards.
Une amoureuse qui sait qu’elle ne sera " la femme de personne ", pas même celle de Boy Capel, l’homme qui pourtant l’aimait aussi.
Une rebelle que les conventions de l’époque empêchent de respirer, et qui s’habille avec les chemises de ses amants.
C’est l’histoire de Coco Chanel, qui incarna la femme moderne avant de l’inventer.
 
Avis : Sans esbroufe, et avec une sobriété très à propos, Anne Fontaine raconte les premières années de la vie d’adulte de Coco Chanel, partagées entre deux hommes et mues par une formidable volonté de se démarquer et d’exister. L’héroïne est d’envergure (plus dans son comportement que par son physique), et le film rend hommage à son tempérament, brossant sans fioriture un joli portrait clair et très lisible. Si la discrétion de la mise en scène fait parfois dangereusement pencher Coco avant Chanel du côté du téléfilm de prestige, on se laisse porter par ce qui furent les origine du mythe, et cette jolie relation que Coco construit avec Balsan son mentor, qui se verra transformée par sa rencontre avec le premier véritable amour de sa vie. Aucune fausse note dans l’interprétation, Poelevoorde confirme son talent et sa capacité à jouer dans tous les registres et Tautou compose une Coco très crédible, lui prêtant ses traits et sa gouaille volontaire.
Dépouillé, sensible et délicat.

OSS 117 : RIO NE REPOND PLUS – 7/10

 
OSS 117 : Rio ne répond plus
 
Synopsis : Douze ans après Le Caire, OSS 117 est de retour pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde. Lancé sur les traces d’un microfilm compromettant pour l’Etat français, le plus célèbre de nos agents va devoir faire équipe avec la plus séduisante des lieutenants-colonels du Mossad pour capturer un nazi maître chanteur. Des plages ensoleillées de Rio aux luxuriantes forêts amazoniennes, des plus profondes grottes secrètes au sommet du Christ du Corcovado, c’est une nouvelle aventure qui commence. Quel que soit le danger, quel que soit l’enjeu, on peut toujours compter sur Hubert Bonisseur de la Bath pour s’en sortir…
 
 
Avis : Le monde a changé…lui pas. Cette accroche résume assez bien l’esprit général du film. Car si le personnage est le même, toujours aussi désespérant de suffisance et de chauvinisme, l’univers dans lequel évolue est bien différent, accentuant le décalage entre lui et le monde. Rio ne répond plus est en cela différent du Caire Nid d’espions, qu’il place son (anti)-héros dans un contexte qu’il ne maîtrise plus du tout. Il est par conséquent encore plus à côté de la plaque et donc d’autant plus odieux. La principale réussite du film (outre qu’il est très drôle) est sans doute de ne jamais rendre le personnage attachant. Il est tout au plus grotesque, en permanence ridicule. C’était la condition sine qua non pour faire passer la pilule d’un humour très politiquement incorrect et de répliques borderline. On se surprend fréquemment à réprimer un rire coupable, qu’on double mentalement d’un « putain ils vont loin là…». Mais il serait malhonnête d’accuser le film des tares de son personnage principal. Sa misogynie, son racisme latent, sa méconnaissance du monde qui l’entoure sont grossièrement appuyés pour mieux être condamnés.
Et il fallait également tout le talent d’un Jean Dujardin assez phénoménal pour incarner l’univers si particulier du film. De mimiques irrésistibles en répliques amenées à vite devenir cultes, il occupe l’écran comme peu d’acteurs en sont capables, assumant une autodérision euphorisante.
Une mise en scène très élaborée dans un univers sixties parfaitement reconstitué, une écriture au cordeau et une réalisation particulièrement chiadée et minutieuse à base de split screens finissent de placer OSS Rio ne répond plus dans le cercle assez réduit des comédies françaises hautement originales et capable de marquer durablement le genre.

CHERI – 6,5/10

Synopsis : Dans le Paris du début du XXème siècle, Léa de Lonval finit une carrière heureuse de courtisane aisée en s’autorisant une liaison avec le fils d’une ancienne consoeur et rivale, le jeune Fred Peloux, surnommé Chéri. Six ans passent au cours desquels Chéri a beaucoup appris de la belle Léa, aussi Madame Peloux décrète-t-elle qu’il est grand temps de songer à l’avenir de son fils et au sien propre…
Il faut absolument marier Chéri à la jeune Edmée, fille unique de la riche Marie-Laure.
Alors que le moment fatidique approche, Léa et Chéri tentent de se résoudre à cette séparation imminente tout en s’apercevant qu’ils sont beaucoup plus attachés l’un à l’autre qu’ils ne voulaient bien l’admettre.
 
Avis : Avec toute l’élégance  qui le caractérise, Stephen Frears filme ce ballet de sentiments où l’égo rivalise avec la passion, la raison avec le désir, l’amour avec l’amour-propre.

Les répliques fusent dans un univers luxueux et luxuriant qui enveloppe ce combat d’un délicieux classicisme que le réalisateur parvient à moderniser par un rythme soutenu et grâce à des comédiens inspirés. Michelle Pfeiffer, superbe, incarne à la perfection cette courtisane en bout de course qui s’autorise enfin l’amour même si elle s’en défend, même si elle ne choisit pas le bon amant. Une jolie danse ironique, mélancolique et passionnelle dans un Paris du début du siècle magnifiquement reconstitué.

ERREUR DE LA BANQUE EN VOTRE FAVEUR – 5,5/10

Erreur de la banque en votre faveur
 
Synopsis:  Lorsque Julien Foucault, maître d’hôtel de la très vénérable banque d’affaires Berthin-Schwartz, apprend son licenciement, il y voit l’occasion de réaliser son rêve de toujours : ouvrir un restaurant avec son meilleur ami Etienne.
Pourtant, après 17 ans de bons et loyaux services, la banque lui refuse tout appui financier. Julien décide alors de tirer profit des informations confidentielles dont usent ses employeurs, mais ces derniers le prennent en flagrant délit d’initié et décident de lui jouer un tour machiavélique.
 
Avis : Petite comédie opportuniste en ces temps de crise financière, pas désagréable mais sans grande envergure, Erreur de la banque permet de passer un bon moment sans trop solliciter ses méninges. Quelques dialogues bien sentis malgré quelques lourdeurs, des comédiens visiblement contents d’être là et une petite dose de bons sentiments un soupçon moralisateurs, le film réunit les ingrédients d’une comédie française honnête et plutôt efficace. Pas indispensable mais distrayant.

FROST NIXON – 6,5/10

Réalisé par Ron Howard
 
Frost / Nixon, l'heure de vérité
 
Synopsis : En 1977, l’interview télévisée de l’ancien Président Richard Nixon menée par David Frost a battu le record d’audience de toute l’histoire du petit écran américain pour un magazine d’actualités. Plus de 45 millions de personnes ont assisté à un fascinant affrontement verbal au fil de quatre soirées. Un duel entre deux hommes ayant tout à prouver, et dont un seul pouvait sortir vainqueur. Leur affrontement a révolutionné l’art de l’interview-confession, a changé le visage de la politique et a poussé l’ancien Président à faire un aveu qui a stupéfié le monde entier… à commencer sans doute par lui-même.
 
Avis : D’une grand linéarité, aussi bien dans sa structure chronologique que dans sa façon de construire ses personnages, le film fait surtout la part belle à l’affrontement sans concession entre l’ancien président honni et le journaliste ambitieux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux acteurs se montrent à la hauteur du moment.
Ron Howard fait preuve de sobriété dans sa mise en scène, donnant à ses acteurs une grande liberté et laissant tout l’espace nécessaire aux deux protagonistes pour affuter leurs joutes verbales et construire les atours de ce combat magnifique aux dialogues ciselés. Et comme les personnages secondaires ne sont pas négligés (Kevin Bacon est parfait en ancien chef de cabinet sincérement acquis à la cause de Nixon), l’ensemble a de la gueule et parvient à nous maintenir constamment en haleine.
Tout à fait recommandable.

LA FILLE DU RER – 6/10

La Fille du RER

 
Synopsis : Jeanne vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère Louise. Les deux femmes s’entendent bien. Louise gagne sa vie en gardant des enfants. Jeanne, sans trop de conviction, cherche un emploi.
Un jour, en lisant une annonce sur le net, Louise croit que le destin frappe à sa porte. Elle nourrit l’espoir de faire engager sa fille chez Samuel Bleistein, un avocat de renom qu’elle a connu dans sa jeunesse.
L’univers de Jeanne et celui de Bleistein sont à des années lumières de distance… Pourtant, ils vont se rencontrer à cause d’un mensonge inouï que Jeanne va échaffauder.
Le film est l’histoire de ce mensonge qui va devenir le fait divers le plus médiatisé et le plus politisé de ces dernières années.
 
Avis : Dans un style toujours trés âpre, souvent caméra à l’épaule, Téchiné est au plus près de son histoire et de son héroïne. Il use d’une image saturée et trés lumineuse pour suivre l’évolution psychologique de Jeanne. Car il s’agit bien de ça. Plus que le fait divers lui-même, qui intervient trés tard dans le récit, le réalisateur s’attache à montrer les événements et le contexte qui amène cette jeune fille à raconter ce mensonge insensé. Et c’est sans doute la faiblesse du film. Si le style trés réaliste, parfois quasi documentaire sert la compréhension des personnages et offre aux acteurs de très beaux rôles tout en retenu (Dequenne en tête, bien entourée de Deneuve et Blanc), l’intrigue elle-même finit par lasser et à tourner en rond. Dommage, vraiment dommage qu’il n’ait été question que du chemin qui mène Jeanne au mensonge et non pas des conséquences de cet acte.