LE BRUIT DES GLACONS – 3/10

Réalisé par Bertrand Blier
Avec
Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro
 

Le Bruit des glaçons

 
Synopsis : C’est l’histoire d’un homme qui reçoit la visite de son cancer.  » Bonjour, lui dit le cancer, je suis votre cancer. Je me suis dit que ça serait peut-être pas mal de faire un petit peu connaissance… « 
 
Avis : Une idée concept, aussi originale et intrigante soit-elle, suffit-elle à faire un bon film? Blier a mis des dizaines d’années avant de mûrir celle de cet homme recevant la visite de son cancer. On peut difficilement faire plus surprenant et déroutant comme pitch. Malheureusement, peut-être aurait-il fallu qu’il reste au stade du concept… Très vite, le réalisateur tourne dans le vide, ne sachant plus très bien comment nous présenter cette histoire invraisemblable, alternant brutalement la farce et le mélo sans le liant qui permettrait de comprendre où il veut en venir. Ça pourrait passer si les dialogues n’étaient pas si paresseux. Les acteurs s’écoutent prononcer les «bons mots» de l’auteur, des répliques qui tombent la plupart du temps à plat, forcées, comme si chaque situation se devait de recéler ses perles de dialogues. Sauf qu’entre une philosophie de comptoir, des poncifs éculés et des provocations gratuites et sans intérêt, ces échanges sonnent faux, artificiels, d’autant plus que les acteurs, en font de tonnes, crient, se gaussent ou pleurent en surjouant chaque situation. Sans doute ce jeu outrancier permet-il de cacher la vacuité du propos et le vide derrière l’idée de départ… Dujardin est complétement à côté de la plaque, sans nuance ni finesse et Dupontel est très vite fatiguant à gesticuler et hurler sans arrêt.
Et puis ça n’en finit pas… L’affiche annonce un film mortel… d’ennui oui.
C’est d’autant plus décevant qu’on nous disait avoir retrouvé le Blier de Tenue de soirée, les Valseuses, ou Trop belle pour toi. Pas moi…

CRIME D’AMOUR – 6/10

 
Crime d'amour
 
Synopsis : Dans le décor aseptisé des bureaux d’une puissante multinationale, deux femmes s’affrontent… La jeune Isabelle travaille sous les ordres de Christine, une femme de pouvoir qu’elle admire sans réserve
 
Avis :  Dans une mise en scène sobre et froide parfaitement adaptée au thème de son film, Corneau semble cependant à l’étroit pour présenter cette lutte de pouvoir au plus haut d’une multinationale. Par manque de temps sans doute (Crime d’amour, du moins la première partie, fait immanquablement penser à Damages, dont le format feuilletonnant permet une approche plus fine de l’affrontement), mais aussi parce que le scénario est construit en 2 parties inégales qu’il a du mal à enchaîner. La première, la plus réussie, décrit assez justement l’univers impitoyable des grandes sociétés, et le fascinant combat pervers entre les deux femmes. Malheureusement, la suivante, reposant sur le thriller, est plus convenue et laborieuse, portée par des flash-back démodés qui souffre la comparaison avec les séries qu’on peut voir à la télévision. D’autant plus que le principal atout du film a disparu de cette deuxième partie. En effet, elle commence au meurtre de Christine, or toute la tension, la perversion et le malaise créés au début du film repose sur la performance encore une fois impeccable de Kristin Scott Thomas, parfaite en gorgone sans scrupule ni pitié, uniquement intéressée par sa propre réussite.

D’autant plus juste qu’elle n’oublie pas d’apporter les nuances qui évitent le caricature (doute t-elle vraiment, aime-t-elle vraiment? L’humiliation mesquine infligée à Isabelle après ce qu’elle pense être une trahison laisse entrevoir les faiblesses du monstre)

La deuxième partie, trop prévisible, repose donc intégralement sur le personnage de Ludivine Sagnier, qui souffre douloureusement la comparaison avec Scott Thomas dans son rôle d’ingénue naïve se transformant en Machiavel en jupon. Surjouant les situations, elle perd toute crédibilité dans l’évolution de son personnage (pas forcément aidée par les raccourcies du scénario, certes), et de l’agneau devenant loup, on ne perçoit jamais l’ambigüité enfouie, la perversité sous-jacente qui expliquerait cette transformation. Surtout, on ne sent pas ce qui est censé être au cœur du film, l’amour blessé déclencheur du crime.

Si tout n’est pas à jeter dans ce Crime d’amour, loin de là, on ressort avec un sentiment d’inachevé. Dommage. Vraiment…