Cinéma (Netflix) | TICK, TICK…BOOM! – 14/20

De Lin-Manuel Miranda
Avec Andrew Garfield, Vanessa Hudgens, Bradley Whitford

Chronique : Tick, Tick… Boom ! danse et chante le destin d’un artiste maudit, de ceux qui courent après le succès et la reconnaissance toute leur vie et ne les rencontrent qu’à leur mort. Cette histoire, c’est celle de Jonathan Larson, le créateur de la comédie musicale culte Rent, dont la première aura lieu quelques jours après la disparition de son auteur. Mais cette biographie n’a rien de plombant.
Lin-Manuel Miranda en tire un film inspirant et emballant, une comédie musicale hybride, faisant se répondre des passages de stand-up dans lesquels Larson incarné par Andrew Garfield (on y reviendra) raconte sa propre histoire avec passion et des passages joués, la plupart du temps agrémentés de numéros chantés et chorégraphiés. Ces allers-retours évitent toute monotonie, d’autant que le réalisateur fait preuve d’une belle inventivité lorsqu’il s’agit de retranscrire à l’écran l’énergie et la ferveur des shows de Broadway (oui, il ne faut pas être allergique à Broadway).
Tick, Tick…Boom parle de beaucoup de choses. De la fièvre créatrice, de la peur de ne pas trouver l’inspiration, de ne pas être à la hauteur des attentes placées en lui (essentiellement par lui-même), mais le cœur du film est le vertige du temps qui passe, ce besoin viscéral d’accomplissement. Larson se pose cette question douloureuse de son leg à 30 ans, c’est tôt, mais cela reflète aussi l’esprit d’une époque et d’une génération mue par l’urgence. Car il est aussi beaucoup question du contexte social et sanitaire de l’époque, en particulier de l’épidémie de Sida qui a emporté beaucoup de ses proches. C’est d’ailleurs ce dont il parlera principalement dans Rent.
Mais surtout, surtout , Tick, Tick…Boom est irradié par l’énergie, l’enthousiasme, le talent éclatant d’Andrew Garfield. Non seulement on le découvre chanteur, mais il trouve ici l’un de ses meilleures rôle. Une performance solaire. Et une excellente raison de lui parler d’autre chose que de Spider-man !

Synopsis : À l’approche de ses 30 ans, un jeune compositeur prometteur jongle entre l’amour, l’amitié et l’envie de réussir quelque chose de grandiose avant qu’il ne soit trop tard.

Cinéma | L’ÉVÈNEMENT – 14,5/20

De Audrey Diwan
Avec Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet Klein, Luàna Bajrami

Chronique : Film témoignage puissant, L’évènement illustre cliniquement l’impossible et dangereux parcours d’une jeune fille pour disposer librement de son corps avant que l’IVG ne soit légalisée. Au-delà du risque pénal et médical qu’un avortement clandestin fait courir à Anne, elle doit gérer l’angoisse de ne pas trouver à temps quelqu’un pour l’aider, mais aussi tenter de s’affranchir du regard culpabilisateur de son entourage et passer outre le jugement social. Un jugement qu’elle va affronter à chaque étape de son parcours, chez le médecin, auprès de ses amis, de sa famille. Sa démarche se transforme alors en acte de résistance.
Audrey Diwan accomplit un remarquable travail d’immersion avec sa mise en scène sèche et nerveuse. En choisissant un format d’image en 4 :3 et en floutant régulièrement ses arrières plans, elle colle au plus près de son héroïne, capture son désarroi psychologique, la terreur de la solitude, ses peurs, sa détermination aussi, et nous embarque dans sa lutte pour traverser cette effroyable épreuve. Dans la peau de cette étudiante des années 60, la comédienne Anamaria Vartolomei est une intense révélation qui porte le film sur ses solides épaules avec tout autant de simplicité que de férocité.
L’évènement raconte certes une autre époque, mais sonne aussi comme un avertissement contre des populismes qui souhaiteraient remettre en cause certains droits fondamentaux obtenus de haute lutte et qui trouvent un écho de plus en plus fort dans nos sociétés abîmées. Restons alertes.

Synopsis : France, 1963. Anne, étudiante prometteuse, tombe enceinte. Elle décide d’avorter, prête à tout pour disposer de son corps et de son avenir. Elle s’engage seule dans une course contre la montre, bravant la loi. Les examens approchent, son ventre s’arrondit.

Cinéma | HOUSE OF GUCCI – 7/20

De Ridley Scott
Avec Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino

Chronique : House of Gucci aurait pu, aurait du être une grande fresque familiale baroque et tragique, un soap-opera chic et glamour, une plongée flamboyante dans le monde énivrant de la mode des 80’s et de ses travers.
Le sujet s’y prêtait, en avait le coffre. Le destin d’une intrigante vénale et ambitieuse, amoureuse aussi peut-être, dont la soif de reconnaissance et de statut la poussera à tous les excès pour rester une Gucci.
Et pourtant ça avance à pas d’éléphant, sans finesse ni point de vue. 2h40 de dialogues poussifs et un traitement terre à terre, tellement académique, du fait divers.
House of Gucci se tire d’entrée une balle dans le pied en faisant parler ses acteurs en anglais avec un accent italien. Seule Lady Gaga s’en sort, et très bien, toujours parfaite dans ses intentions et dont la variété d’expressions n’est maintenant plus une surprise. Une icône camp qui infuse le peu d’émotion et de complexité dont House of Gucci manque cruellement. Mais l’outrance de l’ensemble du casting donne au film des allures de farce, sans qu’on puisse deviner si c’est volontaire ou non. Se poser la question est déjà y répondre un peu….
Peut-être cette exubérance aurait-elle pu passer si la mise à scène était au diapason de l’extravagance de ses acteurs. Elle est d’une pauvreté et d’une mollesse affligeante. A aucun moment ne s’exprime l’excitation, la faste, le luxe inhérent au monde de la mode. C’est fade et terne au possible.
Scott parvient même à saboter l’excellente BO qui illustre son film. Pourtant tous les tubes des 80’s y sont, mais il réussit l’exploit de systématiquement tomber à côté quand il les utilise. Pas dans le rythme, pas dans l’esprit de la scène, un vrai gâchis.
Si vous voulez vous voir une vraie bonne adaptation d’un fait divers glaçant dans le monde de la mode, préférez la série American Crime Story : The Assassination of Gianni Versace. Glaçant et malaisant à souhait.

Synopsis : Gucci est une marque reconnue et admirée dans le monde entier. Elle a été créée par Guccio Gucci qui a ouvert sa première boutique d’articles de cuir de luxe à Florence il y a exactement un siècle.
À la fin des années 1970, l’empire italien de la mode est à un tournant critique de son histoire. Si l’entreprise rayonne désormais à l’international, elle est handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne et une dévalorisation de la marque. Le groupe est dirigé par les deux fils du fondateur – Aldo, personnage rusé et haut en couleur, et son frère Rodolfo, beaucoup plus froid et traditionnel.
Pugnace, Aldo n’a pas la moindre intention de céder le contrôle de l’empire à qui que ce soit – et certainement pas à son fils Paolo, garçon fantaisiste qui aspire à devenir styliste. Quant à Maurizio, fils timide et surprotégé de Rodolfo, il a davantage envie d’étudier le droit que de diriger un groupe de luxe mondialisé.
C’est alors que Maurizio tombe amoureux de la ravissante et manipulatrice Patrizia Reggiani et, contre l’avis de son père, décide de l’épouser. Lorsque Aldo se découvre des affinités avec Patrizia, il réussit, avec l’aide de la jeune femme, à convaincre son neveu de renoncer à ses ambitions juridiques pour intégrer l’entreprise dont il devient, de facto, le probable héritier. Ce qui ne manque pas de nourrir la rancoeur de Paolo, dont le talent n’est pas à la hauteur de ses rêves artistiques…

Cinéma | SOS FANTÔMES : L’HÉRITAGE – 13/20

De Jason Reitman
Avec Carrie Coon, Finn Wolfhard, Mckenna Grace, Paul Rudd

Chronique : SOS Fantôme : L’Héritage porte bien son nom, et à plus d’un titre. D’abord parce que son réalisateur, Jason Reitman, n’est autre que le fils de Ivan Reitman qui était derrière la caméra pour les deux premiers opus de la saga culte il y a 40 ans. Mais au-delà de cette anecdote peu commune, son film est constamment innervé par la notion de transmission et de filiation.
Il réinvente la licence de la meilleure manière qui soit, lui donnant un nouveau souffle tout en étant extrêmement respectueux du matériau original.
Il conserve ainsi l’esprit des films des années 80 et reproduit l’ambiance qui caractérisait les productions Amblin. Cela se manifeste dans ses décors, sa petite ville paumée au milieu des champs de maïs, la musique originale très connotée ou encore cette bande de gamins qui part à l’aventure. Mais Reitman fils y injecte sa propre vision, sa sensibilité, en mettant au cœur de l’intrigue une mère célibataire et ses deux enfants. Il prend le temps d’installer ces nouveaux personnages et ce contexte différent, tout en respectant l’héritage qui lui a été légué. Les easter eggs sont légion mais pas envahissants et font petit à petit le lien avec les premiers films pour aboutir à un final concrètement connecté. On pourra y voir un fan-service malheureux ou un hommage chargé d’émotion, j’opte plutôt pour la deuxième option car il n’entrave en rien un développement de la saga autour des nouveaux personnages.
Ce nouvel SOS Fantômes est un film aussi personnel que familial (dans tous les sens du terme), reposant autant sur la nostalgie que sur le futur, gâtant les fans de la première heure tout en séduisant les novices avec de l’humour, de l’action et un casting particulièrement réussi. Une touche de Stranger Thing avec Finn Wolfhard, de l’humour avec Paul Rudd, le talent de Carrie Coon et une révélation, Mckenna Grace.
Un passage de témoin réussi.

Synopsis : Une mère célibataire et ses deux enfants s’installent dans une petite ville et découvrent peu à peu leur relation avec les chasseurs de fantômes et l’héritage légué par leur grand-père.

Cinéma | ORANGES SANGUINES – 13/20

De Jean-Christophe Meurisse
Avec Denis Podalydès, Blanche Gardin, Vincent Dedienne

Chronique : Satire décapante qui mitraille la société française et les français, Oranges Sanguines se démarque du commun assez formaté des comédies françaises par sa radicalité et son humour grinçant. Cynique, irrévérencieux et incisif, le film est aussi très drôle, pouvant s’appuyer sur des dialogues acides et des interprètes aussi justes qu’impliqués (et il le faut pour assumer certaines scènes !). Oranges Sanguines délivre quelques petits bijoux d’absurde comme ces délibérations autour d’un concours de rock, ou fait preuve de malice quand le film aborde la politique.
En faisant se croiser 3 destins a priori sans liens entre eux (un politicien, un couple de danseurs âgés et une jeune fille qui souhait perdre sa virginité), Jean-Christophe Meurisse peut déployer ses arguments sous plusieurs angles et brosser crûment le portrait d’une société à la dérive et sans pitié pour les plus faibles. Cependant, s’il malmène tout d’abord gentiment son spectateur mais sans cesser de l’amuser, son film s’égare dans le fait divers morbide dans son dernier tiers, et on ne rit plus du tout. Orange Sanguine sombre alors dans une complaisance malsaine qui n’était pas forcément nécessaire pour appuyer le message. Ça gâche un peu l’effet général sans pour autant remettre en cause son efficacité et son audace.
Et on a un réel plaisir à retrouver le couple culte des Deschiens Oliver Saladin / Lorella Cravotta ainsi que des guests investis comme Blanche Gardin ou Vincent Dedienne.

Synopsis : Au même moment en France, un couple de retraités surendettés tente de remporter un concours de rock, un ministre est soupçonné de fraude fiscale, une jeune adolescente rencontre un détraqué sexuel. Une longue nuit va commencer. Les chiens sont lâchés.

Séries | AMERICAN CRIME STORY : IMPEACHMENT – 14/20 | ONLY MURDERS IN THE BUILDING – 13/20 | WHAT WE DO IN THE SHADOWS S03 – 12/20

AMERICAN CRIME STORY : IMPEACHMENT (Canal) – 14/20

Moins puissante que OJ Simpson ou Versace, cette nouvelle saison de ACS interroge néanmoins toujours aussi profondément l’Amérique, dissèques ses vices et ses contradictions.
Après avoir traité du racisme systémique dans le pays et de l’homophobie, Impeachment permet à Murphy de s’attaquer aux abus de pouvoirs et de domination à travers l’affaire Monica Lewinsky.
La saison est principalement racontée du point de vue des femmes, et permet au showrunner de réévaluer le scandale au prisme #metoo, intégrant comment le mouvement a éclairé d’un jour nouveau la notion de consentement, réhabilitant (un peu) Linda Tripp, la grande méchante de l’époque. Un trio d’actrices remarquable incarne les principales figures féminines (Sarah Paulson, méconnaissable sous ses prothèses, Beanie Feldstein en Monica et Edie Falco en Hillary).
Si on n’apprend pas grand-chose de neuf, la série est passionnante quand elle s’immisce dans les arcanes du pouvoir et analyse comment les travers intimes des puissants impactent le jeu politique.

ONLY MURDERS IN THE BUILDING (Disney+) – 13/20

Menée sur un faux rythme déroutant mais agréable, un peu old school, la série s’apprécie surtout pour les personnages qu’elle présente plus que pour l’enquête elle-même. Malgré leur différence d’âge, le trio dégage une belle énergie et leurs aventures sont illustrées par de quelques jolies idées de mise en scène. C’est une série bonbon, vraiment sympathique. Il est juste dommage qu’on voit arriver la résolution comme le nez au milieu de la figure.

WHAT WE DO IN THE SHADOWS (Canal) – 12/20

Si l’humour décalé de la série fonctionne par moment toujours très bien, il faut bien admettre que le concept (un faux docu sur des Vampires à Brooklyn) commence sérieusement à tourner en rond en saison 3. What We do… s’installe dans une sorte de confort et ne trouve pas les ressorts de la saison 2 (qui révélait Guillermo et Colin Robinson) pour se renouveler. Le clifhanger final fait craindre la saison 4 de trop.

Cinéma | LES ÉTERNELS – 7/20

De Chloé Zhao
Avec Gemma Chan, Richard Madden, Salma Hayek

Chronique : De nouveaux super-héros débarquent dans le MCU. Ils sont millénaires mais leurs pouvoirs étaient jusqu’à présent restés cachés du monde moderne. Pour une raison révélée assez rapidement, ils n’avaient visiblement pas le droit d’aider les Avengers contre Thanos, un peu comme Captain Marvel dans Infinity War qui avait d’autres chats à fouetter. Cela fait partie des limites du MCU quand il s’agit d’introduire de nouveaux personnages, il faut bien expliquer pourquoi on ne les a pas vu avant. Mais on en prend notre parti et finalement cette justification ne trouve pas si mal sa place dans le scénario.
Mais Les Eternels sont nombreux (une bonne dizaine), et contrairement à ce qu’avait réussi le premier Gardiens de la Galaxie, le film ne parvient pas à créer de connexion avec le spectateur ni de complémentarité entre eux. Chacun cherche sa place sans jamais vraiment la trouver.
Le scénario veut leur offrir chacun leur moment, raconter chacune de leurs histoires et fait pour cela des allers-retours dans le temps assez maladroits.
Pour le reste, d’interminables dialogues pontifiants, des scènes d’action sombres et confuses, des bêbêtes un peu datées (Avatar-style), des décors en carton-pâte, des incohérences et une émotion surfaite parfois gênante (ça chiale beaucoup).
C’est long, c’est très long, plombé par une écriture poussive qui, si elle aborde des thèmes intéressants (sur l’éternité et l’humanité), force trop le trait de la mélancolie. Si on retrouve par moment le style contemplatif de Chloe Zaho lors de quelques jolis couchés de soleil, il se limite à une contribution cosmétique.
La réalisatrice ne trouve pas la clé pour expliquer en 2h30 la complexité des relations entre des personnages qui se connaissent depuis la nuit des temps. Les acteurs ont par conséquent du mal à trouver leur marque et les performances sont très inégales. Si le casting d’Angelina Jolie est une belle prise pour Marvel, on a l’impression qu’elle se demande vraiment ce qu’elle fout là.
Dans les points positifs, notons l’effort inclusivité et un twist intéressant, mais on s’ennuie ferme. On est très loin de la révolution annoncée…
La recette Marvel s’essoufflerait-elle dangereusement ?

Synopsis : Depuis l’aube de l’humanité, les Éternels, un groupe de héros venus des confins de l’univers, protègent la Terre. Lorsque les Déviants, des créatures monstrueuses que l’on croyait disparues depuis longtemps, réapparaissent mystérieusement, les Éternels sont à nouveau obligés de se réunir pour défendre l’humanité…

Cinéma | ALINE – 15/20

De Valérie Lemercier
Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud

Chronique : Le projet était excitant et en même temps éminemment casse-gueule : Valérie Lemercier se glissant dans la peau de Céline Dion de son enfance à ses cinquante ans. Comment la réalisatrice arriverait-elle à capturer en deux heures le destin hors du commun de la diva sans la singer ni sombrer dans le ridicule ou la parodie ?
C’est en créant Aline Dieu, double fictif de la chanteuse qui emprunte autant à la personnalité parfois désarmante de naturel de l’icône Dion qu’à son propre humour et sa propre sensibilité qu’elle parvient à éviter tous les pièges. Aline lui offre la liberté de crier son admiration pour la chanteuse tout en se livrant elle-même.
Valérie Lemercier livre un geste de fan d’une incontestable sincérité autant qu’un geste artistique abouti. Avec un respect constant pour l’intimité de la star, elle construit un grand film populaire autour d’un principe simple et universel, la pureté d’une histoire d’amour.
C’est beau, tendre, complexe et émouvant comme les grandes passions longtemps contrariées.
Même si Aline est jalonné des tubes de la chanteuse (très correctement interprétés par Victoria Sio) le scénario s’attarde peu sur le parcours musical de Céline Dion. Aucune référence à Goldman, un simple clin d’œil à Titanic… Non, c’est bien le souffle de la romance entre Aline et Guy-Claude qui emporte tout et résiste à tout, envers et contre tout : le qu’en dira-t-on, le succès, les difficultés pour avoir une enfant et la maladie, qui est d’ailleurs abordée avec une grande pudeur.
Et comme pour toute comédie romantique réussie, c’est aussi très drôle. Grâce aux dialogues percutants de Lemercier, au rythme qu’elle parvient à insuffler à ce vrai-faux biopic et à la formidable troupe d’acteurs québécois qui l’entoure, on a le smile du début à la fin. Danielle Fichaud en maman Dion est épatante.
Si on peut questionner son choix d’interpréter elle-même la chanteuse enfant (c’est franchement perturbant) et si les scènes de concert sont étrangement peu enlevées, la mise en scène de Lemercier ne manque pas d’idées ni de peps. Le montage est particulièrement malin dans sa manière de créer des ellipses et faire des bonds dans le temps et la réalisatrice soigne la reconstituions de chaque époque, toujours avec déférence, et s’amuse visiblement beaucoup à reproduire la garde-robe de Dion dans le moindre détail. Elle a également la bonne idée d’utiliser des chansons originales dont Céline a fait des covers (Nature Boy, At Seventeen) pour varier sa bande son et renforcer son empreinte sur le film.
Si on ressent un peu la frustration de ne pas entendre la « vraie » Céline, on pardonne tout, tant Lemercier embrasse autant la simplicité que le mode de vie hors sol d’une star internationale décidément à part.
Une déclaration d’amour qui vise juste. Au cœur.

Synopsis : Québec, fin des années 60, Sylvette et Anglomard accueillent leur 14ème enfant : Aline. Dans la famille Dieu, la musique est reine et quand Aline grandit on lui découvre un don, elle a une voix en or. Lorsqu’il entend cette voix, le producteur de musique Guy-Claude n’a plus qu’une idée en tête… faire d’Aline la plus grande chanteuse au monde. Epaulée par sa famille et guidée par l’expérience puis l’amour naissant de Guy-Claude, ils vont ensemble écrire les pages d’un destin hors du commun.

Cinéma | THE FRENCH DISPATCH – 13/20

De Wes Anderson
Avec Timothée Chalamet, Léa Seydoux, Bill Murray

Chronique : Film à sketchs visuellement éblouissant, The French Dispatch est découpé en 4 segments illustrant chacun un article de l’antenne française du journal américain et imaginaire The Evening Sun dirigé par feu Arthur Howitzer Jr. (Bill Muray)
Chaque vignette est belle comme une couverture du New Yorker qui prendrait vie. De mai 68 au cinéma de gangsters d’Audiard, Wes Anderson réinvente l’histoire et les clichés d’un Paris d’antan fantasmé.
Du noir et blanc aux couleurs pastel, la picturalité flamboyante de ses tableaux s’accompagne d’un impressionnant sens du détail et d’une mise en scène qui foisonne d’idées et de trouvailles visuelles.
Certaines scènes, portées par des personnages cartoonesques savoureux, sont étourdissantes de fantaisie.
La précision des mouvements, le travail méticuleux sur la symétrie, les travelings, c’est d’une virtuosité folle. Un vrai régal pour les yeux.
The French Dispatch est aussi une curiosité bilingue qui convoque le ban et l’arrière-ban des acteurs français et américains les plus en vue du moment, même pour de la figuration. La liste est impressionnante.
Une fois qu’on a dit ça… L’idée derrière le film est plus compliquée à saisir. Hommage absurde à l’art de vivre à la française ? ses peintres, sa gastronomie, ses combats pour la liberté et contre l’oppression ?
Peut-être, sans doute, mais The French Dispatch reste figé, très en surface. Un geste un peu vain.
Et très bavard.
Son Paris imaginaire s’appelle Ennui-sur-Blasé. Il porte bien son nom.
Mais qu’est-ce que c’est beau quand même….

Synopsis : The French Dispatch met en scène un recueil d’histoires tirées du dernier numéro d’un magazine américain publié dans une ville française fictive du 20e siècle.

Cinéma | MOURIR PEUT ATTENDRE – 12/20

De Cary Joji Fukunaga
Avec Daniel Craig, Rami Malek, Léa Seydoux

Chronique : Mourir Peut Attendre est un Bond.
Ça voyage, ça bastonne, ça tue, c’est souvent très spectaculaire. Les scènes d’action sont dans l’ensemble très réussies et envoient ce qu’on peut attendre d’une aventure de 007. Le martini, l’Austin Martin et les gadgets sont là. James reste bulletproof (ou ses ennemis sont très maladroits. Ne pas réussir à le toucher en s’y mettant à 5, à 2 mètres, avec mitraillettes, quand même…)
Mais Mourir peut attendre n’est plus totalement un Bond.
James est en colère, il est vulnérable, il baise moins, il tombe amoureux… Ce dernier opus du cycle Craig finit d’humaniser 007. Et c’est une très bonne chose que les excès machistes d’un autre temps soient peu à peu gommés.
Dommage que cela se matérialise par un scénario maladroit et poussif. Fukunaga ne parvient pas à rééditer l’éclatante réussite du Skyfall de Mendes qui réinventait Bond sans le trahir tout en se basant sur un script riche, maitrisé et passionnant.
Son film est confus, s’attarde sur des dialogues quelconques, les personnages secondaires sont peu approfondis et le bad guy interprété par un Rami Malek en pilote automatique est bien faiblard dans sa construction et ses intentions. Quant à l’habituelle menace qui plane sur le monde, elle est trop alambiquée pour créer un véritable climax anxiogène.
Et c’est long, très long, surtout dans son dernier tiers interminable. Mourir Peut Attendre ne parvient jamais vraiment à délivrer l’émotion qu’il tente d’insuffler à ce baisser de rideau pourtant attendu. Un adieu en mode mineur.

Synopsis : Dans MOURIR PEUT ATTENDRE, Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s’agit de sauver un scientifique qui vient d’être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d’un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques…