Réalisé par Jodie Foster
Avec Mel Gibson, Jodie Foster, Anton Yelchin, Jennifer Lawrence
Synopsis : La vie de Walter n’est plus ce qu’elle était. Déprimé, vivant au ralenti, il s’éloigne de sa famille et de ses proches. Sa femme finit par le chasser de la maison pour le bien de leurs enfants. Touchant le fond, il s’accroche malgré lui à une marionnette de castor trouvée un soir par hasard. Par jeu ou par désespoir, il utilise cette marionnette pour extérioriser toutes les choses qu’il n’ose pas dire à sa famille et ses collègues. La marionnette devient alors comme une nouvelle personnalité, un nouveau Walter, plus positif et sûr de lui. Rapidement il reprend le contrôle de sa vie mais découvre peu à peu qu’il ne peut plus vivre sans son castor. Parviendra-t-il à se débarrasser de lui ?
Avis : Jodie Foster n’avait pas réalisé de film depuis près de 15 ans. Elle revient avec son thème de prédilection, les disfonctionnements du modèle familial américain. Après Le petit homme, où une mère célibataire se débattait avec l’éducation de son fils surdoué et Week-end en famille, portrait au vitriol d’une famille s’apprêtant à fêter Thanksgiving, l’actrice/réalisatrice prodige traite cette fois-ci de la dépression d’un père de famille et des effets dévastateurs de la maladie sur son entourage.
L’utilisation de la marionnette/castor comme « traitement » aurait pu facilement faire sombrer le film dans le grotesque et le ridicule. Mais Foster évite cet écueil grâce à deux qualités indiscutables. Premièrement, la finesse de la réalisation, tout en nuance, sans fulgurance mais sans hystérie. Tous les sentiments sont remarquablement bien rendus, le désarroi, l’espoir, la déception, la colère, l’impuissance… Résultat, un film touchant qui ne tombe jamais dans le pathos et ne fait pas l’économie d’un peu d’humour salvateur. Le deuxième atout du film est sans conteste sa distribution. Les personnages gravitant autour du héros, Jodie Foster elle-même en tête, mais aussi le fils ainé et sa petite amie (intense Jennifer Lawrence, révélation de Winter’s Bone), mais aussi et surtout Mel Gibson, énorme. On ne peut pas ne pas penser à sa propre histoire et ses nombreux (graves) dérapages. Mais on ne peut pas ne pas constater que c’est aussi un putain d’acteur.
Le complexe du Castor souffre cependant d’un scénario un peu frileux parfois, de quelques longueurs et d’un final complètement raté. Mais dans l’ensemble Jodie Foster fait un joli retour derrière la caméra. Un retour à son image. Très classe.