LE COMPLEXE DU CASTOR – 12,5/20

Réalisé par Jodie Foster
Avec Mel Gibson, Jodie Foster, Anton Yelchin, Jennifer Lawrence

Le Complexe du Castor

Synopsis : La vie de Walter n’est plus ce qu’elle était. Déprimé, vivant au ralenti, il s’éloigne de sa famille et de ses proches. Sa femme finit par le chasser de la maison pour le bien de leurs enfants. Touchant le fond, il s’accroche malgré lui à une marionnette de castor trouvée un soir par hasard. Par jeu ou par désespoir, il utilise cette marionnette pour extérioriser toutes les choses qu’il n’ose pas dire à sa famille et ses collègues. La marionnette devient alors comme une nouvelle personnalité, un nouveau Walter, plus positif et sûr de lui. Rapidement il reprend le contrôle de sa vie mais découvre peu à peu qu’il ne peut plus vivre sans son castor. Parviendra-t-il à se débarrasser de lui ?

Avis : Jodie Foster n’avait pas réalisé de film depuis près de 15 ans. Elle revient avec son thème de prédilection, les disfonctionnements du modèle familial américain. Après Le petit homme, où une mère célibataire se débattait avec l’éducation de son fils surdoué et Week-end en famille, portrait au vitriol d’une famille s’apprêtant à fêter Thanksgiving, l’actrice/réalisatrice prodige traite cette fois-ci de la dépression d’un père de famille et des effets dévastateurs de la maladie sur son entourage.
L’utilisation de la marionnette/castor comme « traitement » aurait pu facilement faire sombrer le film dans le grotesque et le ridicule. Mais Foster évite cet écueil grâce à deux qualités indiscutables. Premièrement, la finesse de la réalisation, tout en nuance, sans fulgurance mais sans hystérie. Tous les sentiments sont remarquablement bien rendus, le désarroi, l’espoir, la déception, la colère, l’impuissance… Résultat, un film touchant qui ne tombe jamais dans le pathos et ne fait pas l’économie d’un peu d’humour salvateur. Le deuxième atout du film est sans conteste sa distribution. Les personnages gravitant autour du héros, Jodie Foster elle-même en tête, mais aussi le fils ainé et sa petite amie (intense Jennifer Lawrence, révélation de Winter’s Bone), mais aussi et surtout Mel Gibson, énorme. On ne peut pas ne pas penser à sa propre histoire et ses nombreux (graves) dérapages. Mais on ne peut pas ne pas constater que c’est aussi un putain d’acteur.
Le complexe du Castor souffre cependant d’un scénario un peu frileux parfois, de quelques longueurs et d’un final complètement raté. Mais dans l’ensemble Jodie Foster fait un joli retour derrière la caméra. Un retour à son image. Très classe.

THE TREE OF LIFE – 14/20

Réalisé par Terrence Malick
Avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn

The Tree of Life

Synopsis : Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l’oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu’il affronte l’individualisme forcené d’un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu’au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire…

Avis : Dire que le nouveau film de Terence Malick était attendu tient du doux euphémisme… Restait à savoir s’il allait tenir toutes ses promesses. Pour le jury du Festival de Cannes qui lui a remis la récompense suprême, la réponse est incontestablement oui. Je suis de mon côté un peu plus partagé…
Oui, The tree of life est d’une beauté sidérante, d’une poésie inouïe. Chaque plan semble construit comme un tableau vivant, réglé à la seconde et au millimètre près. Chaque son semble choisi à escient, comme une deuxième partition qui vient se superposer naturellement à la délicate bande originale de Alexandre Desplat. Une réalisation pleine de grâce qui nous entraine dans un voyage sensoriel envoutant…
Aucun doute donc, Tree of life est une œuvre d’art.
Mais c’est aussi dans cette perfection formelle que le film trouve ses limites. Sans remettre en doute l’honnêteté de Malick qui ne se détourne jamais de son monstrueux et ambitieux projet, sa dimension mystique, son questionnement permanent sur le divin et le naturel finissent par nous perdre et surtout par effacer l’épaisseur des personnages derrière le propos agnostique. L’intrique « terrestre » principale qui tourne autour d’une famille dirigée par un père autoritaire, est volonterairement morcelée et elliptique, mais du coup très confuse. Cette impression est renforcée par les sauts dans le futur où on retrouve le fils ainé devenu adulte (Sean Penn, muet). Du coup, l’émotion est comme étouffée, contenue par des personnages trop éthérés.

Au final, si The Tree of Life est d’une beauté à couper le souffle, il n’échappe pas à une certaine langueur qui peut confiner, au bout des 2h15 de film, à un certain ennui.
Mais je ne peux qu’inciter chacun à se forger sa propre opinion. C’est quand même un sacré morceau de cinéma…

LA CONQUÊTE – 12/20

Réalisé par Xavier Durringer
Avec Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq

La Conquête

Synopsis : 6 mai 2007, second tour de l’élection présidentielle. Alors que les Français s’apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit. Les cinq années qui viennent de s’écouler défilent: elles racontent l’irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d’affrontements en coulisse. La conquête : L’histoire d’un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.

Avis : La bande-annonce et un casting très « téléstar » faisait craindre de la Conquête qu’il se rapproche plus du téléfilm d’actualité que du cinéma. Or on peut rendre justice au réalisateur d’avoir réalisé un vrai film de cinéma. Du rythme, des dialogues brillants et efficaces, une montée en puissance émotionnelle, de vrais personnages, La Conquête tient la route.
Sa limite tient finalement à une de ses réussites. Le mimétisme des acteurs est sidérant, au point de pouvoir gêner certains spectateurs qui peuvent n’y voir qu’une performance grand-guignolesque. Je dois avouer que j’ai eu cette impression un bon ¼ d’heure avant d’être pris par l’histoire et les personnages. L’autre limite du film est que Sarkozy a tellement étalé sa vie privé sur la place publique, qu’on n’apprend finalement pas grand-chose. D’ailleurs, le scénario reste très factuel, et on peut lui reprocher un certain manque de point de vue politique. A ne pas vouloir rentrer dans le portrait à charge, Rotman, Durriger et Podalydes, qu’on ne peut pourtant pas accuser de forte sympathie pour Sarko, livrent finalement une vision très pragmatique du candidat, homme ambitieux, parfois violent, mais surtout prêt à tout risquer par amour. Un personnage complexe et entier, un personnage de cinéma donc. Tout en affichant ses travers, ses excès, calculs et mensonges, la Conquête contribue aussi à donner au Président une image très humaine, à l’image de ce que les guignols avaient pu faire avec Chirac en 2002… Etonnant…

MINUIT A PARIS – 14/20

Réalisé par Woody Allen
Avec Owen Wilson, Rachel McAdams, Michael Sheen, Marion Cotilard

Minuit à Paris

Synopsis : Un jeune couple d’américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne

Avis : En déclamant à qui voulait l’entendre son amour de Paris, et son envie de lui témoigner cet amour en tournant enfin un film dans notre belle ville lumière, on pouvait craindre de Woody Allen un film carte postale truffé de clichés. Il n’en est rien. Le réalisateur s’amuse même à expédier l’affaire en 2 minutes en introduction par une visite éclair des principaux monuments parisiens, au soleil et sous la pluie.
Il peut ensuite se concentrer pleinement sur un scénario malin, inventif et intelligent.
Finalement, Allen n’est à mon sens jamais meilleur que lorsqu’il s’éloigne des ses canons habituels. Après l’étonnant et très british thriller Match Point, et malgré l’égarement barcelonais de Vicky Cristina Barcelona, le réalisateur new-yorkais semble avoir trouvé un nouveau souffle créatif avec l’évocation d’une certaine insouciance française, frivole et fantasmée. En jouant avec une intrigue étonnamment tintée de science-fiction, Woody Allen surprend et amuse, offrant des dialogues savoureux et maitrisant parfaitement ces surréalistes voyages dans le temps. Surtout, il invite de façon très ludique à une réflexion sur le temps qui passe, et sur la nostalgie. Etait-ce vraiment mieux avant ?

Se baladant entre les époques et dans de très beaux décors magnifiés par la photographie de Darius Khondji (Delicatessen ,Seven, My blueberry night…), Owen Wilson réinvente le personnage névrotique des films d’Allen, en évitant de sombrer dans le piège de l’hystérie. Marion Cotillard tient finalement le rôle féminin principal, creusant un peu plus le personnage de femme mystérieuse à l’aura hypnotique que les Américains adorent (Inception, Public Ennemies..). Le reste du casting est tout aussi solide, et semble autant s’amuser que nous des rencontres improbables du héros avec les grands personnages ayant marqués la culture française du début du siècle.
Un très bon moment de cinéma, fun et audacieux.

L’AIGLE DE LA 9ème LEGION – 13/20

Réalisé par Kevin Macdonald
Avec Channing Tatum, Jamie Bell, Denis O’Hare

L'Aigle de la Neuvième Légion

Synopsis : En 140 après J.-C., l’Empire romain s’étend jusqu’à l’actuelle Angleterre. Marcus Aquila, un jeune centurion, est bien décidé à restaurer l’honneur de son père, disparu mystérieusement vingt ans plus tôt avec la Neuvième Légion qu’il commandait dans le nord de l’île. On ne retrouva rien, ni des 5000 hommes, ni de leur emblème, un Aigle d’or.

Après ce drame, l’empereur Hadrien ordonna la construction d’un mur pour séparer le nord, aux mains de tribus insoumises, du reste du territoire. Pour les Romains, le mur d’Hadrien devint une frontière, l’extrême limite du monde connu.
Apprenant par une rumeur que l’Aigle d’or aurait été vu dans un temple tribal des terres du nord, Marcus décide de s’y rendre avec Esca, son esclave. Mais au-delà du mur d’Hadrien, dans les contrées inconnues et sauvages, difficile de savoir qui est à la merci de l’autre, et de révélations en découvertes, Marcus va devoir affronter les plus redoutables dangers pour avoir une chance de trouver la vérité…

Avis : Kevin Mc Donald livre une fresque assez minimaliste, à des années lumières d’un Gladiator par exemple, dont la principale qualité est de se placer constamment à hauteur d’homme. La construction des personnages et la précision des sentiments qui les animent compensent largement l’évident manque de moyens, même si la reconstitution a minima et sans effets spéciaux est très crédible.
Les motivations des personnages n’y sont pas forcément des plus nobles…. Vengeances, fierté, conquêtes… Il s’agit pour les héros de s’engager dans un combat sans autre but que celui de laver son honneur, montrer ses muscles ou se montrer dignes de ses ancêtres.
L’horreur et le violence peuvent se réfugier derrière le parapet de valeurs morales.. . Le sous-texte politique est assez clair, et le gueule de GI de Tatum ne fait que renforcer l’analogie avec l’hégémonisme ricain.
Péplum classique, presque désuet, L’aigle de la 9ème légion réussit à séduire par son économie d’effets, son intrigue simple reposant sur de basses motivations très humaines et un deuxième degré de lecture intelligent.

THOR – 13,5/20

Réalisé par Kenneth Branagh
Avec Chris Hemsworth, Natalie Portman, Anthony Hopkins

Thor

Synopsis : Au royaume d’Asgard, Thor est un guerrier aussi puissant qu’arrogant dont les actes téméraires déclenchent une guerre ancestrale. Banni et envoyé sur Terre, par son père Odin, il est condamné à vivre parmi les humains. Mais lorsque les forces du mal de son royaume s’apprêtent à se déchaîner sur la Terre, Thor va apprendre à se comporter en véritable héros…

Avis : De tous les super-héros Marvel, Thor n’est pas forcément le plus excitant sur le papier. Un dieu-viking qui arrive sur terre avec son gros marteau magique, mouais… Et puis fut annoncé le nom du réalisateur, Kenneth Branagh, … mmhh, pourquoi pas finalement…
Et le résultat est plutôt convainquant. Tout d’abord, la 3D est très bien foutue. Moi qui étais plutôt du côté des anti-3D, le film me ferait presque changer mon fusil d’épaule. Ensuite le scénario parvient astucieusement à justifier les liens entre la terre et Asgard et l’envoi du prince déchu sur notre planète. A l’image d’Iron Man, l’humour est subtilement distillé tout au long du film, s’appuyant principalement sur le décalage entre le monde terrestre et l’arrivée du colosse divin.
Mais si le choix du réalisateur anglais est aussi judicieux, c’est qu’il met au service du blockbuster son passé shakespearien pour exposer l’affrontement fratricide. Cette partie du récit, essentielle, n’est jamais caricaturale et conserve toujours une pointe d’ambigüité. Un grand méchant est souvent réussit quand la genèse de son passage du côté obscur de la force est convaincante. Loki se pose ainsi comme un « vilain » très convainquant, car très tourmenté. On se réjouit à l’avance de le retrouver dans The Avengers, film somme des héros Marvel (Iron Man, Hulk, Captain America…)
Thor se positionne donc plutôt dans le haut du panier des adaptations de comics, alliant humour, action et personnages bien construits.
Ah oui, restez jusqu’au bout du générique de fin…

ANIMAL KINGDOM – 11/20

Réalisé par David Michôd
Avec Guy Pearce, James Frecheville, Jacki Weaver

Animal Kingdom

Synopsis : Une rue anonyme dans la banlieue de Melbourne. C’est là que vit la famille Cody. Profession : criminels. L’irruption parmi eux de Joshua, un neveu éloigné, offre à la police le moyen de les infiltrer. Il ne reste plus à Joshua qu’à choisir son camp…

Avis : Précédé d’une réputation de petit bijou indé, Animal Kingdom suscitait logiquement une grande attente. Ou du moins, j’en attendais beaucoup… D’où une légère mais réelle déception en sortant de la salle. Les qualités formelles du film ne sont pas en cause. Le réalisateur a un vrai style, personnel et racé, qui illustre bien le drame mafio-familial du scénario.
La vraie déception réside dans l’impact émotionnel assez faible de ce polar d’ambiance. La faute sans doute à une volonté du réalisateur de garder ses distances par rapport à ses personnages. Le rythme est lent, peu bavard, multipliant les ralentis et long plans muets. Assez loin du thriller nerveux auquel on pouvait s’attendre…
Il faut attendre les 20 dernières minutes (formidables ceci dit) pour que la tension monte d’un cran et nous fasse véritablement entrer dans le film. Un peu tard… d’autant plus que le choix d’un héros quasi mutique et mono-expressif n’aide pas vraiment à dynamiser l’ensemble…