Cinéma | FRÈRE ET SOEUR – 12/20

De Arnaud Desplechin
Avec Marion Cotillard, Golshifteh Farahani, Melvil Poupaud

Chronique : Un drame fratricide. Un frère et une sœur qui se vouent une haine tenace et viscérale et dont on ignore les causes profondes. De la jalousie ? de la rancœur ? un peu de tout ça sans doute.
Pendant tout le film, alors qu’ils veillent à tour de rôle leurs parents mourants, Alice et Louis se tournent autour, s’évitent, s’égarent mentalement, s’invectivent par fils ou frère interposés. Avec toujours cette frontière trouble entre l’amour et la haine, l’admiration et la répulsion, l’absence de l’autre, l’obsession de l’autre.
Cette exploration complexe des rapports familiaux se joue avec la petite musique décalée du style Desplechin. Des dialogues très écrits, un faux rythme, un ton parfois ampoulé, entre théâtralité et ultra réalisme. Même si le réalisateur atténue la cérébralité de son cinéma pour laisser plus de place à l’émotion, il ne se renie pas non plus tout à fait.
Frère et sœur est une œuvre pesante, mal aimable. On est entraînés un peu malgré nous dans cette guerre fratricide, et honnêtement on se demande un peu pourquoi on s’inflige cela. D’autant plus qu’il ne faut pas s’attendre à des réponses ou des révélations sur la genèse de cette haine. D’ailleurs existe-t-il vraiment un évènement qui aurait tout déclenché ? Alice et Louis le savent-ils eux-mêmes ?
Peut-être reste-t-on dans l’espoir d’y voir une ouverture sur le pardon, un signe de réconciliation ? Ou plus sûrement pour admirer ce duel d’acteurs magistral, ce duo Cotillard / Poupaud au meilleur de leurs jeux d’acteur. Ils livrent des performances habitées, intenses et difficilement oubliables.

Synopsis : Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps – quand Louis croisait la sœur par hasard dans la rue, celle-ci ne le saluait pas et fuyait… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents.

Cinéma | COUPEZ – 12,5/20

De Michel Hazanavicius
Avec Romain Duris, Bérénice Bejo, Grégory Gadebois

Chronique : De retour à la pure comédie, Michel Hazanavicius s’empare d’un concept très original et même plutôt culotté. Car il faut oser démarrer par trente minutes de plan séquence d’un film de zombies fauché et complétement raté, aux dialogues consternants et mal joués. Même s’il s’agit de l’élément clé du film qui justifiera les (bien meilleures) 80 minutes qui suivent, cela reste douloureux à suivre jusqu’au twist ! (la salle s’est d’ailleurs vidée de quelques spectateurs visiblement pas au fait du principe du film)
Car la suite en mode flash-back s’attelle à revisiter ces fameuses 30 minutes de cinéma catastrophe (au sens propre) en les présentant d’un œil nouveau, enrichi par la vision backstage auquel le spectateur a désormais accès.
Et c’est plutôt bien vu, le concept de la mise en abîme est bien tenu, c’est souvent drôle, ça tombe parfois à côté mais ça rebondit vite. C’est joyeusement foutraque et plein d’énergie mais encore un peu trop long, dans la mesure on revisite la séquence à la minute près. Certes, l’exercice est réussi, mais il a ses limites.
Cela dit, c’est l’occasion de scènes vraiment drôles, portées par l’énergie de Romain Duris et le tempo comique insoupçonné de Bérénice Bejo, hilarante. Mention aussi pour Jean-Pascal Zadi en ingé-son dépité.
En revanche, petit péché de népotisme du réalisateur qui donne le rôle de la fille du réal à sa propre fille. Dans l’absolu, pas de souci à promouvoir la famille (Bejo est bien sa compagne), mais faut avoir le niveau…
Ce petit écueil mis à part, on ne reprochera pas à Hazanavicius que Coupez soit le remake d’un film étudiant japonais, au contraire on lui est reconnaissant de l’avoir amené jusqu’à nous, d’autant plus qu’il en joue et l’adapte selon des codes plus franchouillards.
On se réjouit donc d’avoir pu découvrir ce film-concept étonnant, complexe techniquement, qui porte les défauts de ces qualités mais s’avère être une très intéressante variation du film dans le film (dans le film) ainsi que la très amusante genèse d’un nanar mémorable et démontre un inattaquable amour pour le cinéma dans toutes ses formes et pour ceux qui le font.

Synopsis : Un tournage de film de zombies dans un bâtiment désaffecté. Entre techniciens blasés et acteurs pas vraiment concernés, seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à un énième film d’horreur à petit budget. L’irruption d’authentiques morts-vivants va perturber le tournage…

Séries | THIS IS US S06 – 17/20 | YELLOWJACKETS S01 – 13/20

THIS IS US – SEASON FINAL (Canal+) – 17/20

Les Pearson s’en sont allés, nous laissant orphelins et à nos mouchoirs trempés de larmes.
Cette dernière saison clos leur histoire brillamment, transcendant tout ce qui a fait le succès de la série jusqu’alors, et en premier lieu son format à la narration éclatée sur 3 époques.
Que This is Us soit parvenue à faire progresser ces timelines simultanément pour nous conduire à ce final terrassant tient littéralement du miracle. En 6 saisons, il ne semble pas y avoir eu d’incohérence dans le récit ni dans l’évolution de ses protagonistes. Ses personnages ne perdent jamais en intérêt, leurs destins s’enrichissent et sont constamment passionnants, ne sombrant jamais dans la caricature alors qu’ils pourraient largement se complaire dans le soap facile. La série se permet même le luxe d’introduire des personnages secondaires presque aussi touchants que les membre de la famille Pearson, attendant patiemment de pouvoir leur offrir leur grand moment à l’écran.
This is Us est tellement juste dans son écriture, tellement vraie dans ses émotions et tellement universelle dans les sentiments qu’elle convoque, qu’elle parle forcément à chacun, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre.
Il est suffisamment rare de garder cette consistance et cette exigence sur une si longue période pour ne pas souligner le remarquable travail des scénaristes de la série.
Le final est dense, déchirant, aussi drôle que dévastateur. Sans doute l’un des plus fort émotionnellement depuis Six Feet Under.
Les Pearson vont cruellement nous manquer….
Si vous n’avez jamais lancé This is Us, vous avez de la chance, vous pouvez commencer…

YELLOWJACKET S01 (Canal+) – 13/20

La série, par son sujet (des jeunes filles perdues dans la nature après un crash d’avion) rappelle beaucoup The Wilds, mais avec un récit plus direct, des personnages écrits moins finement et une volonté plus affirmée de miser sur le thriller.
C’est violent et trash, et de manière un peu provocatrice car la série joue beaucoup (trop) sur le mystère de ce qui s’est passé « là-bas ». On se doute que c’est horrible, mais elle ne dévoile pas pourquoi. De fait, les allers-retours dans le temps sont intéressants mais pas forcément très bien exploités, la partie dans le présent s’animant un peu artificiellement.
Yellowjackets est certes accrocheuse, mais aussi aguicheuse, laissant au terme de sa première saison beaucoup trop de questions sans réponse avec le risque qu’elles ne soient jamais résolues ou de manière décevante… La saison 2 devra rapidement balayer ces doutes.

Cinéma | THE NORTHMAN – 13/20

De Robert Eggers
Avec Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Anya Taylor-Joy

Chronique : Tragédie shakespearienne à la violence sourde et brutale, The Northman se pare des symboles et de l’imagerie viking pour conter une histoire de revanche sauvage et sanglante, très largement inspirée de Hamlet.
D’une beauté intimidante, le film de Robert Eggers est aussi viscéral que graphique. Tournée dans des paysages islandais renversants, la quête vengeresse de Amleth se forge dans la rage et la haine au cœur de ces contrées glacées, où les peuples rivalisent de cruauté et de barbarie. Le plus fort du moment pillera, volera, réduira en esclavage ses ennemis.
La mise en scène de Eggers est à l’image de son sujet, rêche et majestueuse. Eclairés à la lumière naturelle (le jour ou le feu), ses plans sont à la fois réalistes et emprunts de mystère. Mais bien que The Northman invoque la magie, les dieux et le surnaturel, il n’y souscrit jamais tout à fait, demeurant au final très terre à terre. La boue, la pluie, la chair, le sang. The Northman est bien plus naturaliste que mystique. Radical et sans fioriture, il récite sa poésie lugubre selon une trame classique, sans grande surprise mais avec fureur. Les combats sont d’une violence extrême, le sang gicle, les membres volent, les viscères pendent…
Si le film est trop long, on ne peut être que fascinés par l’incarnation sauvage et bestiale de Alexander Skarsgård, tout en rage et en muscles. Une vision puissante.

Synopsis : Le jeune prince Amleth vient tout juste de devenir un homme quand son père est brutalement assassiné par son oncle qui s’empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves jusqu’à ce qu’une devineresse lui rappelle son vœu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle.

Séries | HEARTSTOPPER – 16/20 | MOON KNIGHT – 13,5/20

HEARTSTOPPER S01 (Netflix) – 16/20

Le petit frère anglais de Love, Victor va vous faire fondre.
Au-delà d’être mignon comme tout, Heartstopper traduit très justement les premiers émois homos, le trouble, les doutes, la résignation ou la révolte face au harcèlement. Il y a quelque chose de vrai, de sincère dans ces regards maladroits et juvénile. Cette authenticité est possible grâce au jeu tout en subtilité de jeunes acteurs épatants, mais aussi à une mise en scène sobre réhaussée par une touche d’animation hyper maline pour exprimer les sentiments qui traversent ces gamins.
Et c’est d’autant plus touchant que les comédiens ont vraiment l’âge de leurs personnages, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Un crush.


MOON KNIGHT S01 (Disney+) – 13,5/20

3 premiers épisodes en forme de faux départ, perdus dans une intrigue trop confuse, une mise en scène cheap, de l’action à la papa et un scénario dont on peine à comprendre les enjeux.
Et puis le 4ème épisode, marqué par un twist final éclairant et de l’action enfin à la hauteur (qui n’est pas sans rappeler Indiana Jones), rebat les cartes, donne quelques précieux indices (même s’il faut s’accrocher pour suivre les différents niveaux de narration) et confère à la performance d’Oscar Isaac une aura toute différente. Il est impressionnant dans sa gestion des multiples personnalités de son personnage. La série s’étoffe aussi dans sa dimension psy en abordant les traumas de l’enfance et les dédoublements de personnalité. Pas la plus accessible des séries Marvel, mais il faut lui laisser une chance passé une entame laborieuse.

Cinéma | DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS – 10/20

De Sam Raimi
Avec Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Rachel McAdams

Chronique : Les attentes étaient grandes autour du retour de Sam Raimi à la réalisation d’un film de super-héros, avec pour mission de vulgariser le multiverse au sein du MCU. Une balade horrifique à travers différents mondes, la promesse d’y croiser des surprenantes incarnations de personnages phares des comics, nouveaux et anciens, et la prolongation de l’émotion suscitée par Spider-man No Way Home , autant de motifs d’excitation pour les fans.
Malheureusement, Doctor Strange In The Multiverse of Madness ne se hisse que très rarement à la hauteur des espoirs placés en lui. Son principal écueil est un scénario mal foutu, un peu fourre-tout et confus. A trop vouloir en dire, à trop vouloir en faire, on ne raconte pas grand-chose… Sans doute la pandémie et les multiples réécritures dues aux changements de dates de sortie n’ont pas aidé (le film devait sortir avant No Way Home originellement), mais il souffre aussi de vouloir à tout prix servir du fan service. Certes, le concept derrière la surprise fait son petit effet, mais il se retrouve engoncé dans une intrigue riquiqui vite expédiée alors qu’on aurait imaginé quelque chose de plus ample, de plus grandiose au regard de ce qu’il invoque. Le problème est sans doute là, une attente digne d’un Endgame ou d’un No Way Home mais des moyens plus proches de premier volet de Strange. Et encore, Strange 1 se débrouillait bien mieux pour créer un univers visuel singulier et harmonieux (les envolées psychédéliques et les courses dans un New-York déstructuré étaient de franches réussites). Or Strange 2 n’a pas grand-chose d’autre à offrir d’autre qu’une tambouille numérique violasse qui frise l’indigestion, avec bien peu d’idées originales (hormis peut-être une bataille « musicale » amusante) ce qui est à la fois paradoxale et bien dommage quand on pense à tout ce que le multiverse peut offrir….
Alors bien sûr, Sam Raimi a eu la liberté d’imposer sa vision horrifique (ce qui n’est pas rien), le film trouve d’ailleurs son identité dans ces quelques passages violents et sombres, mais le réalisateur derrière le petit miracle Spider-man d’il y a 20 ans semble bien peu à l’aise avec les CGI et les fonds verts. Disons-le clairement, c’est vraiment moche (ah ces étoiles de America Chavez…)
Heureusement, la performance tout en rage et en émotion d’Elizabeth Olsen en Wanda Maximoff apporte un peu de vie au film et un salvateur supplément d’âme.

Synopsis : Dans ce nouveau film Marvel Studios, l’univers cinématographique Marvel déverrouille et repousse les limites du multivers encore plus loin. Voyagez dans l’inconnu avec Doctor Strange, qui avec l’aide d’anciens et de nouveaux alliés mystiques, traverse les réalités hallucinantes et dangereuses du multivers pour affronter un nouvel adversaire mystérieux.

Séries | PACHINKO – 15/20 | SLOW HORSES – 14/20 | WECRASHED – 14/20

PACHINKO S01 (AppleTV+) – 15/20

Fresque ample, intime et passionnante sur le destin d’une famille coréenne à la suite de l’annexion de leur pays par le Japon, Pachinko court sur quatre générations, des années 10 à la fin des années 80.
Beau et prenant, le récit fait la part belle à des personnages remarquablement construits, laissant, chacun à leur niveau, entrevoir les conséquences de leur déracinement. Pachinko téléscope la petite histoire et la grande à travers le parcours de Sonja, raconte un pays au passé récent largement méconnu. L’héroïne est incarnée tout au long de sa vie par 3 interprètes différentes, mais tout aussi intenses et captivantes, dont Yoon Yeo-jeong, qui avait reçu l’oscar pour son rôle dans Minari. Il est question de dialogue entre les générations, d’héritage et de filiation mais aussi et surtout d’appartenance à une communauté et d’ostracisation. La mise en scène est chiadée et élégante, dans les standards hauts des séries Apple.
Une grande série, ambitieuse et romanesque, comme on n’en voit pas si souvent.

SLOW HORSES S01 (AppleTV+) – 14/20

De l’humour noir et grinçant dans les services secrets anglais. Slow Horses se penche sur une division bien particulière du MI5, l’étable, qui regroupe les rebus de l’organisation, ceux dont on ne veut plus au moins pour un temps, sans qu’ils en sachent vraiment la raison.
Cette première saison suit une affaire gérée par le MI5 qui part en vrille et pour laquelle l’étable est toute désignée pour jouer les boucs émissaires. Entre jeux de pouvoirs et d’influence, vieilles histoires et démons intérieurs, Slow Horses est aussi amusante que prenante, même si elle est parfois un peu confuse dans ses enjeux et ses jeux d’alliance. Les personnages sont bien travaillés et ont tous quelque chose à raconter. Ils forment une équipe de bras cassés qu’on a très envie de suivre au-delà de cette 1ère saison, qui reste encore largement en surface et fait plus office d’introduction.
La saison 2 est déjà tournée et on a hâte d’approfondir la relation entre Lamb et Taverner, interprétés par deux légendes du cinéma britannique, Gary Oldman et Kristin Scott Thomas.
En bonus, un magnifique générique interprété par Mike Jagger.

WECRASHED (AppleTV+) – 14/20

Wecrashed est l’histoire vraie d’une irrésistible ascension qui vire au fiasco, une histoire comme Hollywood les adore. La raconter sous forme de série permet aux auteurs d’aller plus loin, d’expliquer des rouages parfois complexes, de soigner les personnages. Et celui-ci, méritait bien une série : comment Adam Neumann a construit un empire valorisé à 47 milliards sur du vent grâce à une insubmersible foi en lui et un bagout incontestable.
Ce n’est pas un personnage agréable certes, mais déterminé, et le fait que sa mégalomanie sans borne l’entrainera à sa perte, et avec lui son entreprise et ceux qui l’ont suivi, en font un parfait personnage de fiction. Un personnage si excessif qu’il ne pouvait être incarné que par un acteur au moins aussi fou. Jared Leto, totalement investi comme toujours, est sans surprise excellent et forme avec Anne Hataway, génialement insupportable, un couple qu’on adore détester.
C’est une série Apple, les moyens se voient à l’écran, la production value est nickel, mais au-delà de ça, Wecrashed est une plongée très intéressante dans le monde des start-ups et des licornes. Elle met un peu de temps à décoller, démarrant sur un faux rythme, mais devient passionnante lorsque le piège se referme sur Adam, un piège qu’il a lui-même contribué à tendre. Une fascinante histoire de réussite et d’auto-sabotage. Mais encore une fois, 3 ou 4 épisodes auraient suffi…

Cinéma | DOWNTON ABBEY II : UNE NOUVELLE ÈRE – 14/20

De Simon Curtis
Avec Hugh Bonneville, Michelle Dockery, Elizabeth McGovern

Chronique : Après un premier film plutôt inconséquent sans pour autant être déshonorant, la famille Crawley et ses domestiques délaissent à nouveau le petit écran pour revenir au grand. Mais cette fois-ci les scénaristes ont la bonne idée d’ouvrir l’intrigue au monde extérieur, ce qui a le mérite de remonter les enjeux d’un cran.
Une Nouvelle Ère s’articule donc autour de deux arcs narratifs se développant en parallèle. Deux histoires truculentes qui vont confronter la famille à son passé pour l’une (plus exactement à celui de Lady Grantham), et à la modernité en marche pour l’autre.
La première intrigue nous entraîne dans une splendide villa sur la Côte d’Azur, où l’on s’amuse à imaginer les raisons pour lesquelles ce comte tout juste disparu aurait légué cette demeure à Lady Grantham, alors qu’ils ne s’étaient pas vus depuis plus de 60 ans. La seconde convoque une équipe de tournage pour un film muet à Downton, un réjouissant choc des civilisations qui se double d’une très intéressante réflexion sur le progrès technique dans l’industrie du divertissement alors que l’essor du cinéma parlant menace de ranger les vieilles gloires au placard.
Enjoué et dynamique, le film est rythmé par les variations du thème musical si reconnaissable et réconfortant de la série. D’une élégance jamais mise à défaut, la mise en scène joue avec malice sur la rencontre entre des mondes que tout oppose et prend un malin plaisir à déterrer les secrets de famille. Downton 2 reprend pour lui tout ce qui faisait le sel de la série, le raffinement et les bon mots, l’humour corseté et les doubles sens, mais aussi la pure émotion et la bienveillance.
Ce deuxième film a également le mérite de se recentrer sur ses personnages historiques, en particulier Maggie Smith, toujours fringante et le verbe haut malgré les années qui passent. On éprouve un immense plaisir à tous les retrouver et les voir (plus ou moins) évoluer au rythme d’un monde qui change. Un moment hors du temps toujours aussi agréable.

Synopsis : La famille Crawley s’apprête à célébrer deux mariages à Downton Abbey dont celui de Tom Branson et sa fiancée Lucy, mais un réalisateur hollywoodien veut transformer la demeure en plateau de cinéma. Au même moment, ils apprennent que Lady Violet vient d’hériter d’une villa située dans le sud de la France. Elle enjoint alors les membres de sa famille à se rendre sur la Côte d’Azur en quête de son mystérieux passé.