TOP FILMS 2019

80678718_2374341649336879_7529602454762029056_n71 films découverts cette année, et un top 20 subjectif, forcément subjectif.

1 – LES MISÉRABLES
2 – PARASITE
3 – PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU
4 – J’AI PERDU MON CORPS
5 – GRÂCE À DIEU
6 – MARRIAGE STORY
7 – LE TRAÎTRE
8 – DOULEUR ET GLOIRE
9 – ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD
10 – THE IRISHMAN
11- EL REINO
12 – VICE
13- MON INCONNUE
14 – L’HEURE DE LA SORTIE
15- DRAGONS 3 : LE MONDE CACHÉ
16 – CHAMBRE 212
17 – ROCKETMAN
18 – EDMOND
19 – LES FILLES DU DOCTEUR MARCH
20 – HORS NORMES

(Vous pouvez lire les critiques en cliquant sur les titres)

LA VÉRITÉ – 09/20

La Vérité : AfficheDe Hirokazu Kore-eda
Avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke

Chronique : On a du mal à retrouver dans La Vérité l’acuité émotionnelle et la subtilité du cinéma de Kore Eda, dont les drames familiaux en forme de thriller émeuvent toujours autant qu’ils passionnent (Nobody Knows, Tel Père, tel fils ou plus récemment Une Affaire de Famille).
La faute à un scénario mal dégrossi et assez convenu, jouant sans second degré sur un affrontement mère/fille peu original.
Dans un jeu de miroir amusant mais limité avec sa propre image d’icône et les fantasmes qu’elle véhicule, Deneuve incarne Fabienne, une vielle actrice égoïste et cinglante à l’instinct maternel (mais aussi amoureux et amical) limité. Le cynisme du personnage délivre bien quelques punchlines bien trouvées, mais servent un propos limité. Si Deneuve semble beaucoup s’amuser à brouiller et tordre son image, c’est un peu en roue libre. Heureusement que son charisme fait parfois oublier son manque de justesse. Surtout, c’est au détriment de pistes narratives pourtant prometteuses. L’artifice du film dans le film est raté par exemple. Bien que l’on comprenne qu’il doit résonner en écho à la situation des personnages, cela ne fonctionne pas du tout. C’est poussif et artificiel, comme le fantôme de Sarah, qui hante le film du début à la fin mais dont on ne saura pas grand-chose si ce n’est que la jeune actrice qui partage l’affiche avec Fabienne lui ressemble.
Le personnage de la fille est un peu plus consistant, et Binoche parvient à tirer le maximum de dialogues d’une triste platitude par un jeu tout en distance. Mais ce n’est pas suffisant.
A ne pas vouloir (ou pouvoir) trop en dire, beaucoup d’effets tombent à plat et ne permettent pas à faire sortir La Vérité de l’anecdote. Un déjà vu poussif très décevant de la part du réalisateur japonais qui n’a visiblement pas réussi à traduire son cinéma dans langue de Molière.

Synopsis : Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles se révèlent sous le regard médusé des hommes. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver…

TOP SÉRIES 2019

IMG_20191228_170253_7241 – Succession (Saison 2)
La saison 2 bastonne la première qui était déjà high level.
Chaque épisode est une claque, un jeu de massacre familial Shakespearien aux dialogues féroces et jubilatoires. Soprano, Wire, Six feet, vous avez un copain chez HBO
2 – Watchmen (Saison 1)
Exigeant, parfois clivant, Lindelof livre une adaptation magistrale du comic d’Alan Moore en avec une science du récit époustouflante et des épisodes immédiatement cultes (6/8) au propos dense et politique. La mise en scène sublime une créativité visuelle foisonnante. Il distille ses révélations comme un métronome dans des récits stupéfiants, denses et limpides. Du grand art (même si la conclusion est un poil décevante)
3 – Chernobyl
Chernobyl est absolument la claque dont tout le monde parle. Sidérant tout au long de ses 5 épisodes. Jared Harris est impérial.
4 – Years and Years
Years and years s’impose comme l’effroyable série d’anticipation sociale et politique qu’elle promettait d’être. Le 4ème épisode vous laisse à terre. Glaçant. Parce que crédible.
5 – Fleabag (Saison 2)
La saison 2 gagne en puissance autant qu’en humanité. Un sans-faute. Et le monologue féministe de #KristinScottThomas à l’Ep03 vaut tout l’or du monde.
6 – The Boys (Saison 1)
La série surprise d’Amazon explose les codes des films de super héros, avec une audace et une malice folle, une imagerie trash et jubilatoire. Ou comment récupérer les codes et symboles d’une époque pour mieux la critiquer.
7 – The Deuce (Saison 3)
Le triptyque s’achève avec panache et assurance. #theDeuce aura constamment saisit les enjeux des 3 périodes qu’elle couvre grâce à des personnages fouillés et un récit ultra documenté sur la révolution du commerce du sexe à partir du début des ’70’ et la légalisation du porno. En grande figure émancipatrice, Maggie Gyllenhaal en est la reine incontestable.
8 – Euphoria (Saison 1)
La série ado, version trash. Sex, drugs and drugs. Après un ou deux épisodes d’adaptation, le style très singulier de la série vous happe. Son écriture morcelée qui présente l’enfance (jamais simple) de l’un des personnages en début de chaque épisode et sa réalisation ultra léchée en font un must d’HBO. Zendaya et l’actrice trans Hunter Shafer sont des révélations.
9 – Les Grands (Saison 3)
Dernière saison toujours aussi maîtrisée, personnages solides, direction d’acteurs exceptionnelle pour un casting d’ados, un BO géniale et une réalisation inventive sans être ostentatoire. Et un final..
Du goût et des idées. On 👏👏.
10 – When they see us
Un saisissant retour sur l’affaire des Central Park Five. Un récit aussi fluide qu’accablant, porté par d’excellents jeunes acteurs.
11 – Unbelievable
Thriller captivant et souvent révoltant. La géniale Merritt Wever forme un duo rayonnant et plein d’humanité avec Toni Colette. Une bouffée d’air frais dans cette enquête poisseuse. Une mini-série très réussie sur un sujet lourd.
12 – The Marvelous miss Maisel (Saison 3)
Une saison 3 au niveau des précédentes alors qu’on suit l’émancipation de Midge et le décollage de sa carrière. Toujours aussi drôle, enlevée, solide dans la caractérisation de ses personnage et bluffante dans la reconstitution historique alors que Midge entre dans les 60’s
13 – Irresponsable (Saison 3)
#Irresponsable s’achève fidèle à lui-même, drôle et touchant.
Et on est fans de Sylvie, évidement
14 – The Crown (Saison 3)
Dans sa 3ème saison, The Crown se perd parfois dans l’anecdotique, mais reste toujours somptueux et peut compter sur une royale Olivia Colman pour reprendre le sceptre de Claire Foy.
15 – Sex Education (Saison 1)
Teen comedy sociale d’une rare acuité sur l’adolescence. C’est drôle, juste, dur parfois, bref, anglais.

Bonus
Transparent qui transcende l’absence de son acteur principal dans final musical à la hauteur de son importance pour la visibilité de la communauté queer et trans.
Il offre un hommage bouleversant au personnage de Maura.

UNE VIE CACHÉE – 14/20

Une vie cachée : AfficheDe Terrence Malick
Avec August Diehl, Valerie Pachner, Maria Simon

Chronique : Dans une œuvre terrassante de beauté, Terrence Malick narre le destin tragique de Franz Jägerstätter, un paysan Autrichien dont l’obstination et la constance à refuser toute allégeance au régime nazi l’auront conduit à une mort inéluctable. La radicalité de son choix, la fidélité à ses convictions et sa foi inébranlable ne l’auront jamais fait dévier.
Malick raconte son histoire, de sa vie paisible et idéale dans sa ferme en haut des montagnes avec sa femme et ses enfants aux conséquences dramatiques de son acte de résistance. Pour lui évidemment, mais aussi pour ces proches qui doivent subir la colère et la haine de voisins prompts à condamner ce qu’ils considèrent comme une trahison au pays.
Alors qu’il réalisait minutieusement un film tous les dix ans au début de sa carrière, Malick a subitement accéléré le rythme de ses productions dans les années 2010, livrant quasiment un film par an, mais perdant au passage une grande partie de son auditoire (moi compris) dans des long-métrages abstrait et difficilement accessibles. Ils lui ont cependant permis d’affiner un langage cinématographique qui lui est propre, d’une incroyable richesse formelle, porté par des voix-off chuchotant des textes comme autant de prières et des flash-back élégiaques. Sa caméra filme en contre-plongée des visages riches de sens, délivrant de saisissant portraits et sublime une nature toute puissante, accompagnée d’une musique lyrique déchirante.
Et des plans superbes, partout, tout le temps.
Ce style certes ampoulé mais captivant sied parfaitement au récit d’Une Vie Cachée et illustre le dilemme moral auquel Franz se heurte. Il traduit le voyage spirituel qui lui fera nourrir sa décision tout comme le sacrifice insensé qu’il impose à sa famille.
Un long voyage, très long. Trop long sans doute, surtout au cœur du film lorsque Franz rejoint la prison et que le réalisateur en appelle de manière très appuyée à la spiritualité et à la foi.
On peut aussi s’étonner de l’étrange gymnastique entre les langues que s’impose Malick, les principaux personnages échangeant entre eux en anglais la plupart du temps, mais parlant aussi souvent en allemand (sans sous-titres) dans les scènes collectives, comme si Malick choisissait ce qui devait être clairement énoncé.
Cela ne gâche pas l’impression durable qu’Une Vie Cachée, magistral poème visuel, laisse sur le spectateur une fois qu’il a quitté la salle, mais au même titre que sa durée excessive, ça en limite la portée.

Synopsis : Inspiré de faits réels.
Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. Une vie cachée raconte l’histoire de ces héros méconnus.

STAR WARS : L’ASCENSION DE SKYWALKER – 10/20

Star Wars: L'Ascension de Skywalker : AfficheDe J.J. Abrams
Avec Daisy Ridley, Adam Driver, Oscar Isaac

Chronique : La saga Skywalker s’achève laborieusement avec l’ultime chapitre d’une trilogie malade des visions contradictoires des auteurs qui se sont succédés à la barre du navire Star Wars. Un navire qui aura beaucoup trop tangué depuis l’imparfait mais prometteur Réveil de la Force de J.J. Abrams . Appelé en catastrophe à la rescousse par Disney pour sauver ce qu’il pouvait après le joyeux bordel foutu par Rian Johnson avec Les Derniers Jedi (voir critique ici) et le renvoi de Colin Trevorrow du projet, JJ Abrams tente de limiter la casse. Or s’il est un bon faiseur qui sait s’approprier les codes et les histoires d’autres cinéastes (comme il l’a prouvé avec Le Réveil de la Force ou le premier Star Trek), il a un talent créatif limité pour donner de la personnalité et de la singularité à ses projets. L’Ascension des Skywalker, confirme ses limites, sa mise en scène spectaculaire ne parvenant jamais à compenser les faiblesses d’un scénario fourre-tout et bancal, gavé jusqu’à l’écœurement d’un fan service absurde qui donne benoîtement réponse à tout.
Passons sur les invraisemblances et les heureuses coïncidences, après tout Star Wars reste un Space Opera, le réalisme n’est pas ce qu’on en regarde en premier lieu, mais on était en droit d’attendre plus de consistance au niveau des nouvelles intrigues et des connexions avec les précédents films.
Après Les Derniers Jedi, on se doutait que les origines de Rey reviendrait au cœur du récit, mais à vouloir à la fois faire plaisir aux fans de la première heure et garder un minimum de cohérence avec ce qui a été dit précédemment, L’Ascension de Skylwaker prive Rey d’une dramaturgie autre qu’artificielle. Cette révélation tant attendue est par conséquent insatisfaisante d’autant plus qu’elle repose sur un scénario mécanique et des dialogues d’une telle indigence qu’on souffre parfois pour les acteurs qui doivent les prononcer (on espère sincèrement que Domhnall Gleeson s’en remettra).
Surtout, jamais la nouvelle trilogie n’aura réussi à imposer ses nouveaux personnages, à créer des icônes pour les nouvelles générations. On s’intéresse poliment aux destins de Rey et Kylo Ren et c’est à peine si on remarque Poe et Finn, pourtant présentés initialement comme des protagonistes majeurs du récit. En réalité, après 3 épisodes et plus de 7 heures de films, Star Wars ne sait toujours pas comment se dépêtrer de ses deux mythologies, l’ancienne et la nouvelle. Ses auteurs successifs n’ont jamais réussi à faire sortir ses nouveaux visages de l’ombre des figures qu’étaient Han, Luke et Leila. En partant chacun dans des directions diamétralement opposées, ils ont même renforcé le problème, que L’Ascension des Skywalker est incapable de résoudre.
Le grand final, la conclusion à laquelle on nous préparait depuis 3 films, fait en soit une bonne fin. Le message est fort mais si affreusement amené qu’il échoue à provoquer la moindre émotion, la moindre connexion avec ce qui se passe à l’écran. Il aurait fallu que cet épilogue eut été construit dès les première minutes du Réveil de la Force, travaillé tout au long des Derniers Jedi et asséné logiquement à la fin de l’Ascension des Skywalker, et pas bricolé à la va vite pour être expédié lors des 15 dernières minutes….
Reste un divertissement joliment empaqueté, impressionnant mais jamais épique, devant lequel on ne s’embête pas, mais on ne s’emballe pas non plus.
Il ne manque pas de coffre, mais de cœur, à part lorsqu’il nous offre un au revoir digne et tendre à Carrie Fisher.
Il restera quand même de ce film et des 2 opus qui l’ont précédés un sacré sentiment de gâchis, et un clou de plus planté dans le cercueil de la pop culture…

Synopsis : La conclusion de la saga Skywalker. De nouvelles légendes vont naître dans cette bataille épique pour la liberté.

A COUTEAUX TIRÉS – 07/20

À couteaux tirés : AfficheDe Rian Johnson
Avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas

Chronique : L’affiche, le pitch, les première minutes introductives ludiques et accrocheuses, tout laissait penser qu’avec A couteaux tirés nous étions en présence d’un bon vieux polar à l’ancienne, au charme suranné mais réconfortant des romans d’Agatha Christie et ses multiples rebondissements. Mais qui donc a tué Harlan Thrombey ? C’est malheureux, mais n’espérez pas vous faire surprendre par la réponse, Rian Johnson élimine bien vite tout suspense en révélant très tôt le coupable et se moquant avec cynisme du genre qu’il faisait mine d’emprunter (un peu comme il s’est moqué de la mythologie Star Wars dans Les Derniers Jedi). Oubliez alors le prometteur whodunit et l’amusant jeu de dupe qu’on était en droit d’attendre, il faut se contenter de suivre l’enquête aussi ennuyeuse que prévisible du détective Benoit Blanc (Daniel Craig, à pommettes tirées). Le scénario se concentre sur un arc simpliste gonflé artificiellement par un humour téléphoné plutôt que de travailler sur ses nombreux personnages et des intrigues complémentaires qui stimuleraient la curiosité de ses spectateurs avec des twists déroutants (qu’on guette souvent, en vain) et des révélations.
Un beau gâchis au regard de l’aguicheuses présentation de tous les protagonistes façon Cluedo et de la formidables brochettes d’acteurs qui les incarnent. Hélas, la plupart n’ont plus rien à jouer (ou à cacher) au bout d’une quinzaine de minutes. Un beau foutage de gueule dont on ne sauvera que la prestation de Ana de Armas, une jolie révélation. Et si vous recherchez l’allégorie sur la lutte des classes et la satire sociale, ne comptez pas trop sur A Couteaux Tirés, mais revoyez plutôt Godsford Park.

Synopsis : Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s’entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné jusqu’à la toute dernière minute.

LES FILLES DU DOCTEUR MARCH – 14/20

Les Filles du Docteur March : AfficheDe Greta Gerwig
Avec Saoirse Ronan, Emma Watson, Florence Pugh

Chronique : Cette cinquième adaptation du roman de Louisa May Alcott pourtant vieux de plus de 150 ans est une nouvelle démonstration de la modernité du cinéma de Greta Gerwig et de sa capacité à creuser avec délicatesse les aspirations et les tourments de ses personnages. Elle l’avait démontré dans le réjouissant Lady Bird, son premier film en tant que réalisatrice, ou encore dans le très contemporain Frances Ha dont elle a écrit le scénario et qu’elle interprétait devant la caméra de son compagnon Noah Baumbach (qui vient de sortir le superbe Marriage Story sur Netflix). Elle ne perd rien de sa précision en passant au film en costume, tout juste flirte-t-elle parfois avec le mièvre, difficile de faire autrement avec cette histoire, mais elle le fait avec beaucoup de goût et une bienveillance réconfortante. Si elle ne révolutionne pas la récit original, elle parvient tout de même à insuffler un rythme soutenu en l’éclatant sur deux périodes qui se répondent constamment. Sa mise en scène est simple et élégante comme les tenues des filles March et aspire à illustrer la condition féminine au 19ème siècle tout en rapprochant les destins trépidants de ses héroïnes avec les combats féministes actuels.
Mais c’est réellement la direction d’acteurs de Gerwig qui transcende son adaptation. Un casting stellaire dominé par l’éblouissante Saoirse Ronan (un film avec Saoirse Ronan ne peut de toute façon pas être un mauvais film). Elle campe une Jo intense, déterminée et lumineuse. A ses côté, Florence Pugh, révélée avec fracas dans The Young Lady, s’avère être une Amy tout aussi fantastique, à la répartie piquante et la naïveté touchante. Emma Watson, plus en retrait mais tout aussi juste, Meryl Streep, Timothée Chamalet,, Louis Garrel sont au diapason et Laura Dern, dans un registre tout en douceur qui tranche avec ses derniers rôles, rappelle quelle immense actrice elle est.
Ces comédiennes et comédiens apportent fraîcheur et vie à cette fresque romantique, positive et enlevée, très joliment servie par la musique d’Alexandre Desplat.

Synopsis : Une nouvelle adaptation du classique de Louisa May Alcott, narrant l’histoire de quatre filles de la classe moyenne durant la Guerre de Sécession.

MARRIAGE STORY – 16/20

Marriage Story : AfficheDe Noah Baumbach
Avec Adam Driver, Scarlett Johansson, Laura Dern

Chronique : Absolument déchirant parce que tellement banal, Marriage Story illustre magistralement l’engrenage dévastateur qui pousse un couple à se déchirer lorsque le divorce devient l’unique voie possible, la résolution à l’amiable n’étant plus une option quand la garde d’un enfant en est l’enjeu majeur.
Après les promesses d’une sortie par le haut, en adulte, ce sont les rancœurs qui rejaillissent, les non-dits qui éclatent avec une violence dont aucun des deux ne se savaient capables. Exacerbée par le cynisme et le bagou d’avocats pour qui les futurs ex-époux sont des proies vulnérables, la situation s’envenime au rythme des coups bas et des attaques plus ou moins loyales. L’amour se délite sous nos yeux et se transforme en quelque chose d’assez moche. On pense atteindre un point de non-retour, jusqu’à ce que la guerre passe, que chacun compte ses points et panse ses plaies, l’acrimonie s’estompe et le cours de la vie reprend…
Baumbach saisit chaque étape de ce brutal et douloureux processus avec une justesse sidérante. Sa mise en scène simple use de grands angles pour capter le drame et la bouffée d’humanité qui l’entoure et filme en gros plans pour fixer sur nos rétines des visages bouleversés et bouleversants.
Minutieusement écrit, comme cette introduction accrocheuse, tendre et profondément touchante avant que l’orage n’éclate, Marriage Story démontre encore l’incroyable facilité qu’à Noah Baumbach à appréhender les rapports humains et à traduire les moments pivots d’une vie. Rien n’est jamais simple quand il s’agit de sentiments. Les scènes s’enchaînent parfaitement, rythmées, sensées, éclairées de sens. Les dialogues sont précis, ciselés et offrent de grands moments, comme ces joutes verbales explosives et savoureuses entre avocats. En passant Laura Dern vole chacune de ses scènes, elle est fascinante et ferait presque passer les prestations de Scarlett Johansson et Adam Driver au second plan. Et pourtant… Les deux acteurs sont désarmants de naturel, brillants de bout en bout. Leur grande scène d’explication est un modèle de montée en tension, de rage, de ressentiment aveugle, d’insultes crasses, où chacun pense être dans son bon droit et ne veut pas comprendre les arguments de l’autre. Quand ils ne jouent pas dans l’espace avec un sabre ou une lance, ce sont des putains d’acteurs …
Marriage Story est un évident candidat aux Oscars (il a en tout cas une place garantie dans mon top annuel), tant il évite le pathos pour se concentrer sur l’essentiel, avec une délicatesse, un cœur et une exactitude à aucun moment démentis. C’est vivant, ça fait mal et ça fait du bien. Un grand petit film.

Synopsis : Un metteur en scène et sa femme, comédienne, se débattent dans un divorce exténuant qui les pousse à des extrêmes…

LE LAC AUX OIES SAUVAGES – 11/20

Le Lac aux oies sauvages : AfficheDe Diao Yinan
Avec Hu Ge, Gwei Lun Mei, Liao Fan

Chronique : Polar âpre mais sophistiqué, Le Lac aux Oies Sauvages offre, à travers la traque d’un chef de gang fugitif, une vision assez terrible de la Chine et de la violence qui y règne, bien loin de l’image que le pouvoir en place souhaite donner. Diao Yinan impose un style foisonnant, riche de détails et d’idées de mise en scène très pensées.
Tourné principalement de nuit, Le Lac offre de superbes tableaux baignés dans des lumières artificiels. La minutie apportée à l’élaboration des plans et à l’éclairage au néon imprègne le film d’atmosphères très signifiantes, que ce soit par son appréhension de l’espace, la saturation des couleurs (rouge, bleu, vert…) mais surtout son travail sur le son, omniprésent.
Cette mise en scène à la fois flamboyante et sensorielle s’exprime également dans la représentation de la chasse à l’homme, en particulier à travers des plans séquences complexes tournés dans un dédale de rues et d’appartements. Ils sont entrecoupés de fulgurances de violence brutes et soudaines.
Mais cette démonstration formelle se fait souvent au détriment du sens. Sans doute mon œil européen ne saisit-il pas tous les codes du polar chinois, mais Diao Yinan nous perd rapidement dans la narration et finit par lasser. L’intrigue en soit n’est pas passionnante et pas d’une grande clarté, surtout quand il faut démêler les jeux d’influence au cœur de la guerre des gangs à qui la police elle-même est assimilée. Le jeu peu expressif des acteurs n’aide pas beaucoup non plus.
Le Lac des Oies Sauvages est un bel effort esthétique de la part d’un réalisateur faiseur et un poil poseur, mais compliqué à appréhender. Il est conséquent difficile d’y adhérer totalement.

Synopsis : Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Ensemble, ils décident de jouer une dernière fois avec leur destin.

JUMANJI : NEXT LEVEL – 13/20

Jumanji: next level : AfficheDe Jake Kasdan
Avec Dwayne Johnson, Jack Black, Kevin Hart

Chronique : Le reboot du film culte porté par Robin Williams avait tout du sacrilège, et pourtant Jumanji – Bienvenue dans la Jungle fut une surprise aussi bien par l’ampleur de son succès que par ses qualités de très bon divertissement familial parvenant à réinventer avec humour et énergie l’original.
On ne voyait pas bien comment le concept pouvait se renouveler (il ne le fait d’ailleurs pas vraiment) mais Next Level fonctionne étrangement au moins aussi bien que le premier.
Son scénario pas toujours très fin mais à la simplicité assumée et les sympathiques surprises qu’il réserve lui permettent surtout de capitaliser à fond sur le principe des avatars. Cela permet à une bande d’acteurs visiblement ravis de se retrouver d’approfondir un terrain de jeu quasi illimité. Le body swamp est plus que jamais au cœur du film, multipliant les possibilités du « qui joue qui ». De fait, Next Level penche clairement du côté de comédie, d’autant plus qu’il bénéficie de l’apport d’un génial Danny De Vito qui impose en moins de trois minutes un personnage que Dwayne Johnson, tout aussi hilarant, se régale à singer une fois que le vieux monsieur se retrouve dans le corps du Docteur Bravestone. Mais tous sont, à leur niveau, excellent, en particulier Kevin Hart, plus sobre mais aux mimiques désopilantes et Jack Black, à l’énergie toujours aussi communicative. Ils ont tous leur moment, ce qui participe à donner à l’ensemble une homogénéité garante de la réussite du film.
L’aventure est au second plan mais très correctement exécutée.
On rit beaucoup et de bon cœur, certains passages nous rappellent les films d’aventures de notre enfance. Jumanji : Next Level est à la fois Ludique et entraînant, une réelle réussite si on le prend pour ce qu’il est.

Synopsis : L’équipe est de retour mais le jeu a changé. Alors qu’ils retournent dans Jumanji pour secourir l’un des leurs, ils découvrent un monde totalement inattendu. Des déserts arides aux montagnes enneigées, les joueurs vont devoir braver des espaces inconnus et inexplorés, afin de sortir du jeu le plus dangereux du monde.