AVENGERS : ENDGAME – 14/20

Avengers: Endgame : AfficheDe Joe Russo, Anthony Russo
Avec Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo

Chronique : This is the end. Plus de dix années de MCU s’achèvent dans un bouquet final généreux et homérique, forcément spectaculaire, et oui, à la hauteur de l’ambition d’un projet colossal auquel personne ne croyait vraiment.
Entre la visite de Nick Fury à Tony Stark à la fin d’Iron Man et l’ultime combat d’Endgame qui verra une grosse soixantaine de super-héros s’allier pour sauver l’univers, Marvel aura construit un univers cohérent en connectant 22 longs métrages aux tons différents mais fidèles à une même ligne de conduite, des mises en scènes proprettes, des effets spéciaux à la pointe, de l’humour, de la légèreté et le respect d’une trame commune qui nous mène à Endgame. Avec peu de ratés, quelques opus dispensables mais surtout beaucoup de réussites dans le pur divertissement.
En écho au premier Iron Man, Avengers Endgame clôt la saga de façon grandiose, multipliant les scènes de bravoure tout en servant les destins de ses personnages iconiques, les Avengers originaux, auxquels le public s’est forcément attaché.
Le fan service fonctionne d’ailleurs à fond. Références à foison, private joke, clins d’œil geek (notamment à Retour dans le futur, méta à souhait), les réalisateurs capitalisent logiquement sur l’alchimie entre les acteurs et pour la plupart sur leur tempo comique qu’ils accompagnent d’ailleurs fréquemment d’une BO rock qui complète étonnamment le score opératique et déjà culte de Alan Silverstri
Car Avengers : EndGame n’est pas que drôle. Il est bien évidemment épique, mais cherche aussi à atteindre une certaine dimension intimiste qu’il effleure par moments.
Dans son exécution, la réalisation des frères Russo a trouvé le bon équilibre. Les effets visuels sont omniprésents mais peu mis en avant, s’effaçant devant la volonté du duo de servir leur histoire. D’ailleurs à part la monstrueuse bataille finale, il y a peu de scènes très chargées, les héros étant souvent séparés en petits groupes, à l’image d’Infinity War. Certes les scènes d’action sont chiadées, mais les Russo préfèrent miser sur leurs personnages, et les interactions qu’ils ont créés ces dix dernières années. C’est tant mieux et on pardonne les quelques incohérences (pas si nombreuses) et le recours un peu facile au voyage dans le temps. Ils prennent leur temps, sans doute trop, surtout dans le ventre mou du film (l’heure du milieu), mais leur scénario construit en 3 temps est suffisamment solide pour maintenir l’attention et l’excitation des fans sur trois heures. Il peut même se permettre de rejouer des scènes entières des précédents films, le MCU rendant visite à son passé en regardant dans le rétro comme pour mieux changer de direction.
Il offre aussi des sorties la plupart du temps émouvantes ou touchantes à ses héros les plus fatigués, jouant grossièrement (mais efficacement) sur la corde sensible.

Quelle que soit la suite que Marvel voudra donner à son univers cinématographique, Avengers Endgame restera comme l’un des morceaux les plus marquants et les plus importants de la pop culture, comme a pu l’être le final de Harry Potter.
La fin d’une entreprise unique, inégalable. Un marqueur de son temps.

Synopsis : Thanos ayant anéanti la moitié de l’univers, les Avengers restants resserrent les rangs dans ce vingt-deuxième film des Studios Marvel, grande conclusion d’un des chapitres de l’Univers Cinématographique Marvel.

BOY ERASED – 07/20

Boy Erased : AfficheDe Joel Edgerton
Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Joel Edgerton

Chronique : Parmi les incessants et primordiaux combats pour la protection et les droits des minorités LGBTQ+, la lutte contre les thérapies de conversion est un sujet qui a émergé assez récemment, du moins dans sa médiatisation. Leur absurdité et les violents traumatismes que subissent les adolescents qui y sont envoyés, souvent par leurs familles très religieuse, suscitent autant d’aberration que de colère.
En adaptant l’écrit autobiographique de Garrard Conley, l’acteur Joel Edgerton s’offre donc un sujet fort et sensible pour sa deuxième réalisation. Au regard de l’importance et de l’actualité du sujet, il lui était donc demandé de ne pas trop se planter. Las !
Passons sur le fait que la réalisation soit terne et sans éclat et plombée par des longueurs rédhibitoires, le problème principal de Boy Erased réside dans son incapacité à traiter complètement et frontalement un sujet qu’il ne fait qu’effleurer. On pourrait excuser une mise en scène sans personnalité si le fond du récit n’était pas si fade et inconséquent au regard de l’importance du message qu’il est censé véhiculer. Il ne rend que trop peu compte de la violence à la fois physique et mental qui sévit dans ces centres ou du désarroi de Jared déchiré entre sa nature propre, sa foi et l’affection qu’il porte à ses parents.
Le réalisateur s’attarde longuement sur le parcours du jeune homme (Lucas Hedges toujours parfait en ado en pleine confusion), ce qui aurait pu être un axe intéressant s’il ne prenait pas tant de précaution et ne faisait pas preuve d’une pudeur inappropriée dans la façon de raconter l’histoire de Jared. Boy Erased s’éternise en flash-back maniérés, pesants et interminables, et Edgerton abuse de ralentis et de musique larmoyante pour amplifier le pathos, mais sans jamais réussir à créer une émotion sincère. A aucun moment il ne connecte ses personnages à la réalité et la dureté du récit. On n’y croit pas et les acteurs à peine plus (à ce propos Russel Crowe ressemble de plus en plus à Didier Bourdon, c’est frappant)
On pourrait dire que ce film a le mérite d’exister, oui.
Mais en oubliant ou en refusant de défendre totalement un point de vue, en condamnant avec si peu de conviction et du bout des lèvres ces institutions criminelles, Boy Erased passe à côté de ce à quoi il était destiné et s’avère mièvre et inutile en plus d’être formellement sans intérêt. Et ça, c’est difficilement défendable.

Synopsis : L’histoire vraie du coming out de Jared Eamons, le fils d’un pasteur baptiste dans une petite commune rurale des États-Unis où son orientation sexuelle est brutalement dévoilée à ses parents à l’âge de 19 ans. Craignant le rejet de sa famille, de ses amis et de sa communauté religieuse, Jared est poussé à entreprendre une thérapie de conversion (aussi appelée thérapie réparatrice ou thérapie de réorientation sexuelle). Il y entre en conflit avec le thérapeute principal, découvrant et revendiquant progressivement sa réelle identité.

MON INCONNUE – 15/20

Mon inconnue : AfficheDe Hugo Gélin
Avec François Civil, Joséphine Japy, Benjamin Lavernhe

Chronique : La meilleure comédie romantique de l’année est française. Et elle s’appelle Mon Inconnue.
Hugo Gélin s’empare du principe d’uchronie avec un culot, une audace et une assurance qui fait trop souvent défaut aux comédies françaises. Il assume totalement son pan fantastique, jouant du principe d’univers parallèles et des quiproquos qui en résultent avec un talent très sûr de storyteller.
On embarque très vite dans l’aventure de Raphaël, qui au lendemain d’une dispute avec sa femme se retrouve dans un monde où il ne l’a jamais connue. Il va lui falloir la reconquérir. Problème, il n’est plus l’auteur de Science-Fiction à succès qu’il était dans sa « vraie vie » mais un simple professeur des collèges, et elle est de son côté devenue une pianiste mondialement renommée.
Drôle, écrit finement et filmé avec beaucoup d’élégance, Mon inconnue capitalise sur ses points forts en évitant toujours de les sur-appuyer.
Rarement le principe narratif du « Et si ? » aura été aussi bien exploité, à la fois comme ressort humoristique et amplificateur émotionnel.
La mise en scène joue d’un habile équilibre entre l’énergie des scènes de comédie et un style plus élaboré dans son pan romantique. Elle atteint même un joli niveau de sophistication dans les scènes plus intimes grâce à une belle photographie et une musique folk feel good à souhait.

Mais l’atout numéro du film, qui fait que tout fonctionne, c’est son irrésistible trio d’interprètes, à l’alchimie évidente. S’ils peuvent s’appuyer sur de dialogues particulièrement bien écrits et des personnages tout sauf lisses, le naturel de leur jeu, leur charme et la complicité qui les unit donne à Mon Inconnue un supplément d’âme. François Civil confirme à chaque film (et il y en a beaucoup en ce moment), qu’il peut tout jouer, et très bien, Benjamin Laverhne fait preuve d’un sens du gag et de la réplique imparable et Joséphine Japy, lumineuse, traverse le film avec une grâce rare.
Leur trio sublime une comédie romantico-fantastique déjà parée de très belles qualités, à la fois hilarante fantaisie et réflexion pertinente ce qui le construit et équilibre un couple.
C’est inattendu et assez formidable.

Synopsis : Du jour au lendemain, Raphaël se retrouve plongé dans un monde où il n’a jamais rencontré Olivia, la femme de sa vie.
Comment va-t-il s’y prendre pour reconquérir sa femme, devenue une parfaite inconnue ?

Us – 14/20

Us : AfficheDe Jordan Peele
Avec Lupita Nyong’o, Winston Duke, Elisabeth Moss

Chronique : Il est difficile de ne pas considérer Us à travers le prisme du discours engagé et politique de son réalisateur, Jordan Peele qui a fortement secoué le cinéma américain avec Get Out il y a deux ans. Son premier film ayant eu un impact considérable sur l’industrie hollywoodienne, Us, son second était tout particulièrement attendu. Si le sous-texte politique est toujours très présent, il délaisse la dénonciation du racisme systémique qui gangrène les Etats-Unis pour une parabole sur la lutte des classes, pointant littéralement du doigts la fracture sociale entre nantis et laissés pour compte. Mais Peel ne livre pas moins une nouvelle vision peu optimiste sur l’avenir de son pays….
Cela dit, Us fonctionne également très bien au premier degré. Il commence comme un effrayant Home Invasion movie, réglé comme du papier à musique, puis vire au slasher, tout aussi glaçant.
Grâce à une mise en scène millimétrée s’appuyant sur une très belle photo, une solide maîtrise du mouvement, et d’efficace champ contre champs, Peele confirme qu’il excelle dans sa capacité à créer des ambiances anxiogènes et mystérieuses. Tout en misant sur le décalage et l’humour (parfois un peu trop) pour offrir des respirations bienvenues.
Le réalisateur peut aussi compter sur des interprètes investis, en particulier l’éblouissante Lupita Nyong’o, aussi belle qu’intense.
Plus accessible et frontal que Get Out mais toujours aussi inspiré malgré son twist final inutile, Us est la confirmation que son réalisateur compte désormais parmi les plus importants à Hollywood aujourd’hui. A priori pour un moment.

Synopsis : De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles.