Mini-Séries | THE CROWDED ROOM – 15/20 | HIJACK – 14/20 | SECRET INVASION – 11/20

THE CROWDED ROOM (AppleTV+) – 15/20

Injustement décriée par la critique à son lancement (sans doute car seulement quelques épisodes étaient disponibles), The Crowded Room mérite vraiment qu’on s’y attarde. Effectivement les premiers épisodes peuvent être déroutants, mais ils posent solidement les bases sur lesquelles la série va ensuite évoluer. En brouillant légèrement les pistes sans vraiment se cacher de ce qu’elle raconte vraiment (le quotidien d’un jeune homme aux multiples personnalités) elle diffuse juste ce qu’il faut de confusion à son spectateur avant de lui donner les clefs à mi-parcours.
Les entretiens entre Danny et la psychiatre Rya (impeccable Amanda Seyfried) sont de plus en plus captivants et c’est la série dans son ensemble qui s’élève quant à l’étude psychologique s’ajoute la chronique judiciaire et le thriller. La partie dédiée au procès est fascinante, où comment juger l’acte criminel à travers le prisme de la maladie mentale. M. Night Shyamalan a traité du sujet avec Split, mais The Crowded Room est plus ancré. Elle rend par ailleurs habilement à l’écran et de manière imagée ce qui se passe dans la tête de Danny avec ses alters.
Tom Holland trouve ici sans doute son meilleur rôle, il impressionne et convainc dans la(es) peau(x) de Danny, un personnage forcément challengeant, complexe et multiple.
Ne vous fiez pas aux premiers avis mitigés et découvrez The Crowded Room, c’est de la très bonne télévision. Vous ne serez pas déçus.

HIJACK (AppleTV+) – 14/20

Hijack est excellent thriller à l’ancienne, tendu comme il faut et parfaitement incarné par la virilité bourrue de Idriss Elba.
Elle ne réinvente pas la roue, mais tient astucieusement son spectateur en haleine sur un scénario qui rappelle 24 par sa volonté de se rapprocher du temps réel (sans pour autant atteindre la qualité des 1èrers saisons de Jack Bauer.) La série adopte plusieurs points de vue, sur terre et dans les airs, et introduit des personnages variés dont on devine qu’ils auront une importance tôt ou tard. Old school mais très catchy.

SECRET INVASION (Disney+) – 11/20

Nick Fury navigue dans un environnement politique instable qu’il a lui-même créé en promettant au Skrulls à la fin de Captain Marvel de leur trouver une planète où habiter. Comme il traine à tenir ses engagements, des Skrulls rebelles entendent bien créer le chaos pour faire de la terre leur nouvelle maison. Et comme ils sont polymorphes, on ne peut se fier à personne…Secret Invasion aurait pu être une grande série inquiète et paranoïaque, ce que les 2 premiers épisodes laissent entrevoir. Mais comme toujours avec Marvel, la série est rapidement prisonnière de son cahier des charges : ne pas trop en dire, ne rien conclure, rester en surface. Résultat la série se replie progressivement sur elle-même pour terminer en eau de boudin dans un final bâclé. Mais heureusement, il y avait Oliva Colman. Ça quel bonheur.

Cinéma | YANNICK – 14/20

De Quentin Dupieux
Avec Raphaël Quenard, Blanche Gardin, Pio Marmaï

Chronique : Quentin Dupieux filme une réjouissante comédie-thriller courte et décalée, habilement resserrée sur une heure, qui révèle un peu plus le talent singulier de Raphaël Quenard. Son phrasé si particulier rythme le film et lui confère une petite musique bien particulière.
Moins barré que la plupart des autres films de son réalisateur, Yannick se limite à une unité de lieu et (quasi) de temps pour raconter une histoire ancrée dans le réel, une fois n’est pas coutume. Ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait pas une bonne dose d’absurde. On a quand même rarement vu une pièce, aussi mauvaise soit-elle, être interrompue par un spectateur parce qu’il n’est pas assez diverti. Yannick révèle aussi une part plus sombre de son cinéma, avec des personnages globalement tous antipathiques. Avec ce personnage étrange et son intervention déroutante, c’est comme si les haters ou les trolls d’internet s’exprimaient dans la vraie vie, repoussant tout avis contraires et imposant violemment le leur. Mais derrière cette prise de pouvoir radicale du spectateur, Dupieux glisse un réflexion sociale intéressante sur le mépris de classe, en particulier lorsqu’il s’agit de culture.
Il y a aussi et surtout beaucoup de comédie dans Yannick, portée par des acteurs géniaux et complémentaires. On a parlé de Raphaël Quenard qui tient admirablement son Yannick avec beaucoup de nuances, mais Pio Marmai, tout en force et en naturel impressionne tout autant. Blanche Gardin et Sébastien Chassagne, dans des registres différents, sont de parfaits camarades de jeu. Ils sont servis par des répliques saillantes et des dialogues qui font souvent mouche.
Original, bref, très drôle et même touchant par moment, Yannick est l’un des films les plus directs et lisibles de Dupieux. Au niveau de Au Poste, il se pose tout en haut de la filmographie du réalisateur.

Synopsis : En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main…

Cinéma | MISSION: IMPOSSIBLE – DEAD RECKONING PARTIE 1 – 13,5/20

De Christopher McQuarrie
Avec Tom Cruise, Hayley Atwell, Ving Rhames

Chronique : Aucune franchise, à part Bond peut-être, ne peut rivaliser avec Mission Impossible quand il s’agit d’envoyer de l’action sur grand écran. Chacun des opus de la saga s’apprécie comme un divertissement haut de gamme, mis en scène avec une minutie et une rigueur qui sont à l’image du perfectionnisme de son producteur et tête d’affiche (Tom Cruise).
Dead Reckoning est dans la lignée de ses prédécesseurs. Il respecte à la lettre le cahier des charges de M:I, quitte parfois à frôler la redite par rapport au deux derniers (la fête, les motos…). Il faut souligner que depuis trois films, Cruise a modifié une règle qu’on croyait immuable, celle qui voulait que chaque épisode ait un réalisateur attitré qui lui confère un style différent. Christopher McQuarrie se retrouve donc derrière la caméra pour la 3ème fois consécutive, fort d’une efficacité redoutable et d’un savoir-faire imparable, mais qui ne peut empêcher des airs de déjà-vu.
S’il est peut-être moins abouti et tenu que Fallout, (le film est paradoxalement un peu bavard), Dead Reckoning Partie 1 optimise et transcende ses points forts qui aboutissent à un spectacle exaltant. En premier lieu son scénario, qui joue habilement sur une menace invisible et intangible, l’intelligence artificielle, une préoccupation très contemporaine qui excite l’humanité connectée au point d’engendrer autant d’espoirs que de craintes. Deuxièmement, le passé de Ethan Hunt, ses démons ou sa mortalité qui sont de plus en plus moteur de l’intrigue et font aussi écho au vécu de la star qui l’incarne. Le film peut aussi compter sur un dose d’humour, notamment pendant une trépidante poursuite dans les rues de Rome. Et évidemment, l’action reste la pierre angulaire de la franchise. Elle est à nouveau colossale et démesurée, que ce soit quand ça se bastonne ou quand Cruise réalise une cascade hallucinante. Cette première partie s’achève de fait par une scène dantesque aussi improbable que jouissive à bord de l’Orient Express.
Autour d’un Tom Cruise qui, malgré son visage boursouflé par le botox, porte fort bien ses 60 printemps (sa forme physique force le respect), la dynamique de groupe chère à la franchise fonctionne toujours aussi bien, que ce soit le duo Vince Rhames – Simon Pegg ou la formidable Rebecca Fergusson. Ils sont rejoints par une petite nouvelle, Hayley Atwell (aussi belle que drôle) qui apporte un très agréable vent de fraîcheur à la saga.
Les qualités ne manquent pas donc pas au nouvel épisode de Mission : Impossible et font de Dead Reckoning : Partie 1 un spectacle total qu’il serait dommage de rater sur grand écran.

Synopsis : Dans Mission: Impossible – Dead Reckoning Partie 1, Ethan Hunt et son équipe de l’IMF se lancent dans leur mission la plus périlleuse à ce jour : traquer une effroyable nouvelle arme avant que celle-ci ne tombe entre de mauvaises mains et menace l’humanité entière.