Réalisé par Stéphane Brizé
Avec Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck
Avis : Le titre du nouveau film de Stéphane Brizé (à qui l’on doit les très réussis Quelques jours de printemps et Mademoiselle Chambon) donne le ton. La loi du marché est un film social, humain, âpre et implacable. Du cinéma vérité dans ce qu’il a de plus noble, mais aussi de plus violent.
La caméra de Brizé livre une lecture brutale du déclassement social d’un homme lambda, une impitoyable démonstration du cercle vicieux que la perte d’un emploi peut enclencher. Cette spirale de l’échec conduit Thierry à adopter une posture de survie, à mettre de côté sa fierté et parfois ses principes pour maintenir sa famille à flots et ne pas sombrer totalement. Par porosité, on devine la même détresse, la même fébrilité chez les personnes qu’il côtoie au jour le jour et qui doivent faire face aux mêmes problématiques.
La loi du marché se révèle en photographie de cette France en crise, crue, dure, mais digne, que l’on regarde droit dans les yeux. Dans une veine documentaire, le réalisateur enchaîne les plans-séquences comme autant de tranches de vie, des instantanées de destins ordinaires saisissants.
Comme dans ces deux précédents films, Stéphane Brizé s’appuie sur le talent immense de Vincent Lindon. Son personnage prend claque sur claque, humiliation sur humiliation, qu’il reçoit avec stoïcisme et dignité. Certaines scènes, comme un atelier de préparation aux entretiens d’embauche virant au procès à charge, sont d’une cruauté terrible. Et c’est Lindon, définitivement le plus grand acteur français, qui nous met une claque. Quelle justesse, quelle présence dans la simplicité. Il est, il ne joue pas. Entouré d’acteurs non professionnels tous épatant et saisissant de vérité, il donne corps et réalité à cette terrifiante loi du marché.
Édifiant et en soi bouleversant
Synopsis : À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?