Séries | FOR ALL MANKIND S02 – 17/20 | FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER – 11/20

FOR ALL MANKIND S02 (AppleTV+) – 17/20

L’uchronie spatiale se poursuit et prend encore de l’ampleur. For All Mankind en saison 1, c’était très bien, ça devient fascinant en saison 2.
Nous sommes en 83, une année 83 qui pourrait être notre année 83 mais qui n’est pas notre année 83. Les Russes ont marché sur la lune les premiers, et le monde vit au rythme de la course à la conquête spatiale entre eux et les américains. Les soviétiques n’ont donc pas le temps ni les moyens d’entrer en guerre en Afghanistan et John Lennon ayant échappé à un attentat devient la figure mondiale de l’activiste pacifiste. Cette rivalité accélère également les avancées technologiques et sociales, en particulier la place des femmes dans les arcanes du pouvoir (un autre 1983 on vous disait).
Mais cela ne signifie pas que ce monde est moins dangereux. La guerre froide devient brulante et les tensions exacerbées par le contexte géopolitique rendent chaque décision, chaque mouvement hautement inflammable. For All Mankind multiplie ainsi les cliffhangers tout en s’appuyant sur une mise en scène toujours aussi flamboyante (les scènes dans l’espace et sur la lune sont aussi sublimes que prenantes). Si le scénario est aussi dingue qu’il est crédible, il repose encore pleinement sur des personnages admirablement construits et les conduit vers un final d’une intensité folle, captivant, émouvant, un bijou d’écriture.
Vivement, mais vivement la suite.

FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER S01 (Disney +) – 11/20

Après l’audacieuse WandaVision, Falcon et le Soldat de l’Hiver a la difficile mission de nous faire patienter jusqu’au lancement du très attendu Loki. Ça fait gentiment le job, sans éclat ni embarras. Mais sans passion non plus. Pour tout dire, on s’ennuie un peu. Passé un premier épisode en mode blockbuster, la série n’offre plus que quelques bastons joliment chorégraphiées. Pourtant, bien plus que l’intrigue autour du trafic de super-serum, la question du déplacement des réfugiés était politiquement forte et aurait du être un fil conducteur plus épais. Elle s’avère finalement être un prétexte pour enchainer les scènes d’action.
Reste que Falcon aborde assez frontalement la problématique des tensions raciales au États Unis et peut l’adresser tout au long de ses 6 épisodes bien plus en profondeur que dans un film. C’est ce que l’on retiendra avant tout de la série.

Séries | HIPPOCRATE S02 – 16/20 | LOVE, VICTOR S01 – 13/20

HIPPOCRATE S02 (myCanal) – 16/20

Hippocrate revient pour une saison 2 et c’est toujours aussi formidable. Plus besoin de faire les présentations, on replonge d’emblée dans le quotidien du service de médecine interne de l’hôpital Pointcarré qui se voit transformé en service d’urgences à la suite d’une inondation. Le rythme est intense et ne faiblit jamais. La tension folle qui règne parmi les internes, médecins et infirmiers est palpable. C’est d’autant plus haletant que cette saison se déroule quasiment en temps réel, sur deux nuits de garde, mettant en exergue l’état d’épuisement des soignants et le délabrement scandaleux de notre système de santé. La tragique réalité de l’hôpital pré-covid nous saute littéralement à la gueule. Non, on n’est pas à Seattle Grace.
La série conserve donc sa force documentaire et de dénonciation mais embrasse plus qu’en saison 1 sa dimension de série médicale avec la multiplication des cas et l’afflux de patients.
Les personnages sont un peu mis en retrait au départ, jusqu’à ce qu’ils nous rattrapent par la peau du cou. Ils restent le socle de la série. Si on est un poil déçu de l’effacement initial de Chloé (mais c’est parce qu’on aime beaucoup Louise Bourgoin), l’arrivée dans le service du docteur Brun joué par Bouli Lanners ajoute de la densité au casting. Il impose avec autorité son charisme et son humanité, c’est un atout puissant (parmi d’autres) de cette deuxième saison.
Les derniers épisodes sont très forts émotionnellement et confortent l’importance de cette série aussi passionnante que nécessaire.

LOVE, VICTOR S01 (Disney+) – 13/20

Déclinaison du très mignon mais néanmoins essentiel Love, Simon, Love, Victor est tout aussi cuty et tout aussi juste dans sa manière de présenter le cheminement d’un ado lamda vers le coming out.
La série est certainement moins précise et moins ludique que le film dans son écriture, la faute à une intrigue moins forte (dans le film, Simon ne savait pas avec qui il échangeait) et c’est parfois culcul à souhait, mais c’est tellement choupi qu’on lui pardonne aisément.
Que Love, Victor reprenne les codes (et les limites) des séries Disney en plaçant en son centre un héros gay est loin d’être anecdotique. Que ce soit disponible sur Disney+ (enfin sur Star, faut pas trop pousser non plus), et soit accessible à une jeunesse LGBT qui avait si peu de modèle dans les divertissements mainstream jusqu’à présent, encore moins.

Séries | EN THERAPIE S01 – 16/20 | GINNY AND GEORGIA S01 – 13/20

EN THERAPIE (ARTE) – 16/20

On peut difficilement faire moins spectaculaire que En Thérapie, série en 35 (!) épisodes qui suit chaque jour de la semaine les consultations d’un psy avec trois patients et un couple, le vendredi étant consacré à sa propre analyse.
Dans ce remake français d’un format israélien déjà repris aux US, les auteurs ont la bonne idée de situer l’intrigue après les attentats du 13 novembre qui ont traumatisé tout un pays.
La série se passe quasi-exclusivement dans le cabinet du Docteur Dayan. Un huis clos minimaliste, reposant principalement sur ses dialogues. Pas le pitch le plus excitant, mais vous ne regrettez pas de vous allonger sur le divan. En thérapie commence doucement, de manière presque austère, et puis on s’attache aux personnages, on se passionne pour ses histoires qui se croisent.
La justesse et la subtilité de l’interprétation de l’excellent Frederic Pierrot (qui trouve ici un premier rôle sa hauteur) porte très haut la série, et ses séances avec Mélanie Thierry, Pio Marmaï, Clémence Poésy et la jeune actrice Céleste Brunnquell sont à la fois intenses et toutes en retenue, si bien qu’on attend la suivante avec impatience. Si Reda Kateb et Carole Bouquet ont plus de mal à s’adapter au format, l’ensemble a quand même une sacrée gueule et s’avère captivant au fil des épisodes. Un succès mérité.


GINNY & GEORGIA S01 (Nettlix) – 13/20

Mix improbable entre Desperate Housewives et Euphoria, Ginny & Georgia parvient assez rapidement à dépasser son simple statut de nouvelle série pour ado, ne niant pas la superficialité de certaines situations mais cherchant constamment à lui opposer un versant plus sombre. Si elle s’attache à rester fun et enlevée, elle capte très bien le mal-être adolescent sans verser dans un excès de pathos, tout en déroulant une intrigue de soap très honorable (qui est vraiment Georgia ? qu’a bien pu faire Georgia ?). Et cela grâce à des personnages hauts en couleurs et attachants (alors que leur potentiel têtes à claques est au départ immense) pour lesquels on développe une tendresse inattendue. Ça fonctionne très bien et on n’aurait vraiment rien contre rester un peu plus longtemps à Wellsbury.