S.O.S. FANTÔMES – 13,5/20

S.O.S. Fantômes : AfficheDe Paul Feig
Avec Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones

Chronique : Descendu en flèche avant même la première ligne de scénario écrite, cible d’attaques racistes et misogynes avant que soit tournée la moindre image, une première bande-annonce affublée du titre de bande-annonce la plus haïe de l’histoire de Youtube : le reboot féminin de SOS Fantôme a connu le bad buzz le plus violent de l’histoire d’Hollywood. Le déferlement de haine autour du projet serait en soi un cas d’école sur l’influence des réseaux sociaux et leur pouvoir de nuisance.
Mais revenons au film. Mérite-t-il toute cette détestation rageuse ? Non, cent fois non.
SOS Fantôme serait même parmi la foule de projets de résurrections de licences dormantes (Terminator, Independance Day, Jurassic Park), l’un des moins inutiles.
Cette nouvelle version est même à mon sens plus drôle et plus scary que l’original, qui a quand même beaucoup vieilli et présente de gros problème de rythme.
SOS Fantôme 2016 débute par une scène très réussie, effrayante comme il se doit, se terminant par un cri qui se mêle au célèbre thème musical qui nous plonge immédiatement dans l’univers de Ghostbuster.
Mais la principale qualité de ce reboot est d’avoir confié les rênes du projet à Paul Feig, dont le cinéma possède une puissante identité comique. En ayant l’audace de féminiser les chasseurs de fantômes, il s’attire certes les foudres des puristes et des fans hardcore des originaux, mais peut surtout se reposer sur les deux actrices les plus drôles d’Hollywood, Kristen Wiig et Melissa Mc Carthy, qui se retrouvent devant la caméra de Feig 5 ans après Mes meilleures amies, petit chef-d’œuvre de comédie US.
Le ton du film est largement imbibé de cet humour généreux, jouant beaucoup sur les mots, les pauses, les ruptures de rythme et l’alchimie entre les actrices. Une de ses caractéristiques est de ne pas avoir peur de prendre son temps, de faire durer certaines blagues au risque de tomber à côté (ce qui arrive peu ici). Une espèce d’art de la blague d’après, de celle qu’on hésite à faire, mais qu’on fait quand même discrètement… Avec Feig, Wiig et McCarthy, ça fait souvent mouche.
Elles forment de plus avec Leslie Jones et Kate Mc Kinnon un quatuor assez irrésistible, dont la complicité et la connivence confèrent au film une autre dimension, plus émotionnelle, mettant en exergue la genèse d’une jolie histoire d’amitié.
Dommage que ce dernier point ne soit traité que superficiellement. Parce que SOS Fantôme présente malgré tout de gros défauts, comme celui de souffrir d’un montage fait à la truelle (comme souvent avec les blockbusters US), qui simplifie les storyline et prive le film d’une réelle fluidité narrative dont souffre certains personnages. En outre, à trop vouloir se référer aux films originaux, le film est souvent dans la redite et le décalque. On ne peut pas dire que Feig se soit foulé pour construire son histoire, qui reprend peu ou prou les mêmes grands principes que le film de 1984.
Les caméos des acteurs originaux n’ont pas non plus grand intérêt, si ce n’est celui de détourner les spectateurs des nouveaux personnages pourtant suffisamment forts pour exister par eux-mêmes.

Mais c’est drôle, vraiment très drôle. Et ça le serait moins sans la prestation absolument géniale de Chris Hemsworth en secrétaire sexy et bas du front. La scène de son entretien d’embauche est un véritable régal.
Et puis les effets spéciaux, beaucoup raillés dans la première bande-annonce, sont finalement très réussis. La dernière scène de baston à Time Square (celle qu’on redoute habituellement), est joliment mise en scène, notamment lors d’un affrontement mano a mano des chasseuses avec les fantômes, appuyé par une très emballante bande-son.

Les retrouvailles avec bouffe-tout, le slime et l’ecto-1 vont donc au-delà de la madeleine nostalgique. Cet SOS Fantôme au féminin est une très bonne comédie d’action, que vient appuyer les dialogues enlevés de Feig et l’immense talent comique de son casting.
Oui, on les rappellera avec plaisir.

Synopsis : S.O.S. FANTÔMES est de retour, revisité et dynamisé avec un casting féminin et de tout nouveaux personnages plus hilarants les uns que les autres. Trente ans après le raz-de-marée planétaire du premier film, le réalisateur Paul Feig nous offre sa vision rafraîchissante et ultra vitaminée de la comédie surnaturelle, avec la complicité de certaines des personnalités les plus drôles du cinéma actuel : Melissa McCarthy, Kristen Wiig, Kate McKinnon, Leslie Jones et Chris Hemsworth. Les fantômes n’ont qu’à bien se tenir !

THE STRANGERS – 8/20

The Strangers : AfficheDe Na Hong-jin
Avec Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, Chun Woo-hee

Chronique: Le mélange des genres est un exercice assez courant dans le cinéma sud-coréen (on se rappelle de l’ovni The Host de Joon-ho Bong), ce n’est pas ce qui étonne le plus à propos de The Strangers. On ne se formalise donc pas de voir le film débuter sur un ton débonnaire (les habitants d’un village dissertent à propos de rumeurs et de légendes urbaines et jouent à se faire peur) avant qu’il ne prenne un tour nettement plus sombre, mais toujours accompagné d’une espèce de distance ironique parfois déconcertante. Ce n’est donc pas rédhibitoire en soit, mais The Strangers s’égare de trop en reposant sur une espèce de fourre-tout de croyances, de superstitions, de rites surnaturels. Le lien qui fait la jonction entre les différentes pistes lancées par un scénario inutilement alambiqué s’avère rapidement illisible et pénible à suivre. On est vite perdu entre les histoires de démons, de possessions, de recours à l’exorcisme (que j’ai personnellement toujours trouvé absurde, à la limite du ridicule – le succès de l’Exorcisme restant pour moi un mystère) ou encore l’intervention d’un chaman peu avenant. The Strangers s’aventure même un court instant du côté du film de zombie, a priori uniquement pour offrir un passage à la fois gore et grotesque sans réel utilité scénaristique. Na Hong-jin s’autorise tout. Durant 2h40, cela fait vraiment long quand on finit par constater où cela nous mène (pas très loin). Même le twist final, qu’on attend du coup impatiemment, tombe à côté.
On reste de marbre alors qu’on devrait angoisser et se ronger les sangs. Au final, l’accumulation et la surenchère finissent pas ennuyer…
Peut-être The Stranger souffre-t-il aussi de l’interprétation outrancière et souvent hors sujet de l’acteur principal, qui ne parvient pas à faire passer la moindre émotion juste. Exagérément burlesque lorsqu’il se voir confronté pour la première fois aux événements, tragiquement en sur-jeu quand il doit rendre compte de l’horreur qui touche son personnage, ce choix de casting est clairement pénalisant.

Dommage, parce que dans la structure du récit, dans la flamboyance de la mise en scène et cette virtuosité à jouer des éléments (la pluie) et des décors pour instaurer immédiatement une atmosphère singulière, c’est une sorte de tour de force. Il est vraiment regrettable que ce soit au service d’un propos trop riche, alambiqué et assez vain.

Synopsis : La vie d’un village coréen est bouleversée par une série de meurtres, aussi sauvages qu’inexpliqués, qui frappe au hasard la petite communauté rurale. La présence, récente, d’un vieil étranger qui vit en ermite dans les bois attise rumeurs et superstitions. Face à l’incompétence de la police pour trouver l’assassin ou une explication sensée, certains villageois demandent l’aide d’un chaman. Pour Jong-gu aussi , un policier dont la famille est directement menacée, il est de plus en plus évident que ces crimes ont un fondement surnaturel…

INSTINCT DE SURVIE – 13,5/20

Instinct de survie - The Shallows : AfficheDe Jaume Collet-Serra
Avec Blake Lively

Chronique : The Shallows (Instinct de survie), c’est tout con. Une plage déserte, un décor de rêve, une surfeuse canon… et un grand requin blanc bien décidé à en faire son gueuleton du soir.
Depuis les Dents de la mer, aucun film de squale n’est parvenu à ne serait-ce que venir taquiner la suprématie du survival marin presque parfait de Steven Spielberg (Orca peut-être ?). The Shallows n’en a pas la prétention, mais se révèle d’une redoutable efficacité.
D’une part parce qu’il ne cherche pas à se mesurer au maître et d’autre part parce qu’il joue parfaitement sur ses 2 principaux atouts : son cadre de rêve et l’affrontement Blake Lively vs shark.
Collet-Serra parvient à créer un environnement à la fois assez paradisiaque et en même temps parfaitement anxiogène, faisant de l’océan le théâtre d’un huis clos angoissant. Ses effets de caméra, simple mais redoutables, couplé au très caractéristique gimmick sonore « sous l’eau/hors de l’eau » nous laissent à peine le temps de respirer. Oui, The Shallows fait flipper.
Si le film fonctionne si bien, c’est aussi que la démarche d’aller jusqu’au bout du film de genre est sincère et ne transpire d’aucun cynisme. Il faut voir le sérieux avec lequel Blake Lively, quasiment seule à l’écran de bout en bout, porte le film. Son charisme évident (au délà de sa plastique parfaite), est en soi une garantie. Alors peu importe qu’il soit bien pratique que Nancy ait fait des études de médecine pour survivre, peu importe qu’on ait à subir les instants guimauves made in USA, peu importe que le final soit à la limite du grotesque (n’est-ce pas finalement ce qu’on demande dans ce genre de film, hein ?), Instinct de survie réussit son pari de nous procurer un très avouable plaisir coupable.

Synopsis : Nancy surfe en solitaire sur une plage isolée lorsqu’elle est attaquée par un grand requin blanc. Elle se réfugie sur un rocher, hors de portée du squale. Elle a moins de 200 mètres à parcourir à la nage pour être sauvée, mais regagner la terre ferme sera le plus mortel des combats…

NOS PIRES VOISINS 2 – 12/20

Nos pires voisins 2 : AfficheDe Nicholas Stoller
Avec Seth Rogen, Zac Efron, Rose Byrne

Chronique : Je me lance rarement dans un numéro deux sans avoir vu le film original, mais la légèreté estivale et la bonne réputation qui précédait cette suite m’ont incitées à un bienveillant « pourquoi pas ».
Hé bien ce « pourquoi pas » sied parfaitement au film au sortir de la salle.
Comédie à l’humour potache et régressif, Nos Pires Voisins 2 ne volent pas bien haut au premier abord mais ne manquent cependant pas d’atouts. Rythmé, plutôt bien construit, le film, derrière son apparente inconséquence, tient mine de rien un propos acide sur la société américaine (une scène d’orgie étudiante dans une fraternité suffit à en faire le procès et à introduire un discours féministe pas anodin). Ce discours se double d’une réflexion très contemporaine sur la peur de vieillir et de devenir parents (donc adultes et responsables), sujet en vogue d’une comédie américaine devenue plus pragmatique.
Si ces enjeux progressistes auraient pu être plus poussés, on se contentera de leur traitement au second plan derrière un humour gras qui, parce qu’il s’appuie sur l’imparable abattage comique de son duo vedette Rose Byrne / Seth Rogen (on est très client) suffit à notre bonheur peu exigeant en ce début d’été.

Synopsis : Mac et Kelly Radner, pour l’arrivée de leur deuxième enfant, sont enfin prêts à franchir l’étape ultime vers la vie adulte et déménager en banlieue. Mais alors qu’ils mettent tout en œuvre pour vendre leur maison, une sororité d’étudiantes décomplexées succède à l’ancienne fraternité de Teddy, les surpassant largement en termes de débauche et tapage nocturne.
Les jeunes filles de Kapa Nu, Shelby flanquée de ses comparses, Beth et Nora, lassées du sexisme et de la rigidité du système universitaire, ont décidé de faire de leur QG l’antre de la contestation et de la liberté néo féministe. Et le fait que ce soit au cœur d’un quartier calme et résidentiel ne les en empêchera pas. Mac et Kelly avec l’aide de leurs amis Jimmy et Paula, vont transformer leur ancien ennemi juré Teddy, avec son charme et ses coups fourrés, en arme secrète.
Sa mission : infiltrer la sororité, la conquérir pour mieux la diviser, la détruire, pour la forcer à déménager. Mais c’est mal connaître les ressources aussi créatives qu’implacables de cette bande déchainée d’amazones du XXIe siècle.

LA TORTUE ROUGE – 14,5/20

La Tortue rouge : AfficheDe Michael Dudok de Wit

Chronique : Produit par les studios Ghibli, La Tortue Rouge en a l’élégance tout en se distinguant de longs métrages japonais par sa simplicité et son épure. Variation autour du mythe de Robinson, il se dégage de ce conte intemporel une poésie aérienne et poignante.
La beauté du dessin, la sobriété de la musique qui accompagne une animation d’une fluidité impressionnante, les détails des décors, tour à tour féériques ou dangereux, la précision des effets d’ombres et de lumière, tout dans cet hymne naturaliste et humaniste est d’une acuité étourdissante.
Même si le sens de la parabole et sa temporalité n’est pas clairement exposé, le récit nous happe. Le naufragé est-il en plein délire ? Rêve-t-il ? Cette femme existe-t-elle réellement ? Pour apprécier la Tortue Rouge, mieux vaut laisser ses questions en suspens et se laisser porter.
Le voyage en vaut clairement la peine.

Synopsis : À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

LE MONDE DE DORY – 8/20

Le Monde de Dory : AfficheDe Andrew Stanton, Angus MacLane
Avec Céline Monsarrat, Franck Dubosc, Mathilde Seigner

Chronique : Pixar a vu son rythme de sorties sensiblement s’accélérer dernièrement avec trois films en moins d’un an, pour le meilleur (Vice-Versa) et le pire (Le voyage d’Arlo). Où se situe donc ce Monde de Dory ? Malheureusement dans la lignée de l’ennuyeux périple du jeune dinosaure…
Une rechute inquiétante pour le génie Pixarien alors que les sorties à venir – des suites de Toy Story, Indestructibles et Cars pour un seul scénario original, Coco – ne rassurent pas vraiment sur les capacités de renouvellement de la firme à la lampe. D’autant plus que les cousins de Disney ont prouvé avec Zootopie qu’ils pouvaient largement rivaliser dans le divertissement familial conscient et intelligent.
Pour revenir à Dory, le film souffre d’un cruel manque d’originalité et d’audace (un comble pour un Pixar) et d’un scénario paresseux, décalque en pilote automatique de son aîné Nemo, la poésie en moins. En faisant d’un gimmick rigolo mais limité (les pertes de mémoire du poisson) le cœur de ce sequel, celui-ci finit par rapidement tourner en rond.
Surtout il semblerait que Pixar ait forcé son modus operandi, y perdant sa singularité et ce qui les rendait intouchables dans le monde de l’animation. D’ordinaire, la force des long-métrages Pixar réside dans leur concept même. C’est l’histoire conçue autour de ce concept qui crée une émotion souvent fulgurante. Avec Dory, les réalisateurs sont partis de l’émotion (Dory ne se souvient plus de ses parents, c’est triste) pour construire l’histoire de façon un peu forcée. En inversant le schéma et choisissant la facilité, ils se sont un peu perdus, se privant de tout effet de surprise. Mine de rien, après deux décennies de petits miracles, Pixar enchaine en moins d’un an deux films bancals, à la storyline faiblarde, on l’on s’ennuie vite lorsqu’on a plus de 7 ans… Si le photoréalisme bluffant et la prouesse technologique d’Arlo sauvait un peu le tout, ce n’est même pas le cas de Dory qui se contente de n’être qu’un joli petit film d’aventures pour enfants (avec un horripilant final sur une autoroute). Pixar vaut tellement mieux que ça….
Espérons sincèrement que le studio ne fait que traverser une mauvaise passe et que l’inspiration va rapidement revenir. Parce que nous, on attend avec impatience les successeurs de La-Haut, Némo, Wall-e, Vice-Versa et Ratatouille. Et on s’attend à ne s’attendre à rien !

Synopsis : Dory, le poisson chirurgien bleu amnésique, retrouve ses amis Nemo et Marin. Tous trois se lancent à la recherche du passé de Dory. Pourra-t-elle retrouver ses souvenirs ? Qui sont ses parents ? Et où a-t-elle bien pu apprendre à parler la langue des baleines ?

IRREPROCHABLE – 14/20

Irréprochable : AfficheDe Sébastien Marnier
Avec Marina Foïs, Jérémie Elkaïm, Joséphine Japy

Chronique : Thriller psychologique tendu et frontal, Irréprochable accroche rapidement son spectateur par la personnalité même de son héroïne, trouble et inquiétante. Constance est une jeune femme manifestement instable et manipulatrice, naviguant entre mythomanie et nymphomanie. Oui, ça fait beaucoup écrit comme ça, mais Sébastien Marnier, pour sa première réalisation, parvient à ne jamais sombrer dans la caricature, s’astreignant à maintenir la crédibilité de ce personnage à la fois pathétique et menaçant. Il peut s’appuyer sur ce qui est sans nul doute la performance la plus aboutie de Marina Foïs, parfaite dans ses nuances. L’actrice embrasse littéralement le rôle et lui apporte une dangerosité insoupçonnable ainsi qu’une puissance physique (le personnage est accro au sport) qui rajoutent au malaise grandissant. La caméra au plus près de son actrice, le jeune réalisateur fait preuve d’une belle maturité dans sa mise en scène, jouant habilement du hors champs et des ellipses pour lancer des fausses pistes et faire monter une tension de plus en plus anxiogène. Elle est soutenue par une bande-son formidable et entêtante d’autant plus notable qu’elle se remarque surtout les rares fois où on ne l’entend plus.
Si l’histoire d’Irréprochable en tant que telle n’est pas furieusement originale, son traitement hors de toute outrance est réussi (ce qui est moins commun), et désigne Sébastien Marnier comme un talent à suivre à l’avenir. Et Marino Foïs comme une candidate évidente aux prochains César.

Synopsis : Sans emploi depuis un an, Constance revient dans sa ville natale quand elle apprend qu’un poste se libère dans l’agence immobilière où elle a démarré sa carrière, mais son ancien patron lui préfère une autre candidate plus jeune. Constance est alors prête à tout pour récupérer la place qu’elle estime être la sienne.